En carton, éclatant, sans texte… Trois albums graphiques épatants
Cette sélection aiguise le sens d’observation des tout-petits car derrière les images se cachent plein de messages…
Au programme, un troisième opus alimentaire Des Intrus pour les tout-petits, un album sud-coréen à la sobriété émouvante et un récit imagé simple, fort et universel.
Les Intrus Aliments, Bastien Contraire, Albin Michel
Pour ceux qui découvrent pour la première fois le travail de Bastien Contraire, cet imagier alimentaire aux couleurs vives, légèrement fluo, va les interpeller par son toupet. Les jeunes esprits cartésiens bousculés par l’intrus de chaque planche, vont être aussi épatés par sa nature même qui se fond si bien dans le décor, grâce à un jeu maîtrisé sur les couleurs… au point de le louper au premier regard, voire au deuxième.
Concentration, observation… Là voilà ! Cette coccinelle ressemble à s’y m’éprendre à un fruit ! Attention, dans cette autre page, c’est un serpent qui se prend pour un piment. Et que dire de ce parasol dans la page des champignons ? C’est drôle, inattendu et plein d’humour avec, en prime, une bonne dose de satisfaction quand l’enfant trouve l’intrus !
Rouge, Sun-ok Lee, Rue du Monde
Les couleurs ont-elles des significations ? La question peut surprendre pourtant la symbolique des couleurs date de l’Égypte antique. Il faut juste prendre le temps d’y penser et cet album en est l’occasion rêvée. Son héros est un rouge éclatant qui se balade durant 64 pages dans de multiples postures sur un fond crayonné en noir et blanc sobre, accompagné d’un texte minimaliste.
Chaque planche invite à éprouver des sensations et des émotions selon ses propres interprétations. Le lecteur passe du très chaud au très froid, éprouve de la colère, de la douleur, de la peur, de la joie, entend le feu crépiter, se contrarie face aux interdits, salive devant des cerises, respire des fragrances florales, rit devant le postérieur d’un singe, se réjouit en apercevant un bonnet pointu… C’est incroyable et vivifiant tout ce que raconte ce rouge qui irrigue ce livre !
Les Cailloux, Eléa Dos Santos, éditions Chandeigne
Pas de texte dans ce petit livre aux dessins primitifs. Que nous racontent-ils ? À la première lecture, l’histoire est simple : un individu tente de rejoindre un groupe qui le rejette en lançant des cailloux. Qu’à cela ne tienne, l’individu utilise cette matière première pour construire une maison. Un autre individu vient l’aider. De l’autre côté, le groupe se lasse. Il ne reste plus que le meneur… invité à rentrer dans la demeure.
Mais l’histoire graphique est forte. Car, mine de rien, les dessins s’impriment dans la tête, font réfléchir et donnent envie d’y revenir pour multiplier les lectures : celle de la cour de l’école (le harcèlement scolaire), celle en lien avec l’actualité (le rejet des migrants), celle du racisme (la couleur de l’individu), celle du vivre ensemble (surmonter ses peurs) ou pour les plus grands, une lecture davantage psychologique (la construction de soi). Rejet, hostilité, agressivité, accueil, solidarité, altérité… Un album sans texte mais pas sans paroles car ce petit livre donne envie de parler.
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