N.I.H.I.L, le tourbillon du temps, Alex Cousseau, Rouergue
Le zoom de Livresse. Un voyage tourbillonnant dans le temps où se télescopent Vikings et sous-marin nucléaire… Déstabilisant et saisissant.
Le Chapeau, Les Trois vies d’Antoine Anacharsis, Le Fils de l’ombre et de l’oiseau… Chaque roman-fleuve d’Alex Cousseau est une invitation littéraire à suivre la quête à la fois intime et universelle d’un personnage dans un contexte historique et géographique précis et documenté.
Dans N.I.H.I.L, le tourbillon du temps, l’écrivain change de cap, passe dans la collection Epik du Rouergue et repousse les frontières du réel. Il invente un monde, donne la parole à quatre narrateurs aux destins liés dans un jeu de construction complexe et propose un voyage imaginaire dans le temps, entre aujourd’hui et il y a plus de 1 000 ans…
Qu’est-ce que le temps ? Le passé précède-t-il forcément le présent ou le futur existe-t-il déjà maintenant ? « Je me suis amusé avec cette notion et sa conception horizontale que je remets en question », concède Alex Cousseau en dédicace au Salon de Montreuil lundi 3 décembre 2018. Il permet même à l’un de ses personnages d’exister avant sa naissance. « Aanj appartient dans le présent et le passé mais dans le passé, elle n’est pas née. »
Aanj est l’une des quatre voix du roman. Elle est éduquée avant sa naissance par le sage Andoke, puis se métamorphose en oiseau, un épervier, pour retrouver son frère. Ainsi qu’Askold, une deuxième voix. Lui ne connaît pas ses parents, mais il apprend beaucoup de Bogdan, le cuisinier du château qui exerce en cachette le métier de désobéir à l’absurdité d’un roi-tyran. Askold tombe amoureux de Rosie dont le don d’ubiquité a bien failli lui faire perdre la tête.
Quant à Grethe, une troisième voix, c’est son oreille qu’elle perd à cause de l’orage. Son père est chasseur de foudre. La jeune fille soigne aussi les oiseaux blessés, dont un jeune épervier… Et Major Pistol dans tout ça ? La quatrième voix est officier sous-marinier et son sous-marin se retrouve pris dans un tourbillon qui le projette au milieu d’une guerre entre les hautes terres du Nord et le royaume du Sud et qui se termine par un carnage nucléaire…
« J’ai démarré l’écriture du roman avec Aanj et Andoke, puis des idées sont arrivées, dont le tourbillon, raconte Alex Cousseau. En partant du tourbillon, tout devient possible. » Le résultat est déroutant sans jamais égarer le lecteur. Alex Cousseau joue avec les légendes et les croyances, dont celles qui stigmatisent les roux ; il emprunte des traditions aux vikings, dont l’Aigle de sang, une scène de mise à mort très marquante ; il rappelle le devoir d’un marin qui consiste à « porter secours à tout autre marin en détresse » ; il pimente le récit avec un œuf de crocodile couvé dans un piano… « J’ai aussi mis un dragon, sans respecter les codes de la fantasy », admet Alex Cousseau.
N.I.H.I.L, le tourbillon du temps « le centre de tout, le point zéro, autour duquel on situe les points cardinaux », en devient impossible à résumer, encore moins à classer dans un genre. Mais sa lecture, portée par des personnages captivants, des passages troublants, ainsi qu’une très belle écriture dont les phrases résonnent avec acuité dans la temporalité du lecteur, se révèle mémorable.
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