Un élan, des requins et une grenouille… Trois albums très nature
Avec L’Élan ewenki, un beau conte naturaliste, Requins, un documentaire au ton décalé et Au secours des Zulus-Papous, un album au message percutant, les animaux sont à l’honneur.
Le lecteur va parcourir des kilomètres via cette nouvelle sélection. D’abord en Mongolie Intérieure en compagnie d’un élan particulièrement attachant, puis dans tous les océans de la planète pour découvrir avec humour de fascinants requins et, enfin, dans une jungle quelque part en Amérique du Sud où une grenouille aux yeux rouges possède un pouvoir insoupçonné sur les hommes. Thématique de ce voyage livresque : les animaux. C’est parti !
L’élan ewenki, Blackrane et Jiu Er, Rue du Monde
Il était une fois en Mongolie Intérieure, une forêt sacrée défendue par un élan majestueux où aucun chasseur n’ose pénétrer… Comment naissent les légendes ? Ce bel album, venu de Chine, raconte l’histoire d’une amitié entre un petit élan, un chasseur ewenki et son chien. Le jeune cervidé est recueilli par Guéli Shenké qui culpabilise d’avoir tué sa mère pour nourrir sa famille.
La cohabitation s’avère au début chaotique, mais un lien va se tisser entre le chasseur, son chien et l’élan qui, une fois adulte, va créer des tensions au sein de la communauté ewenki que le lecteur découvre grâce à des dessins réalistes et minutieux qui reproduisent scènes de vie et paysages. Les chiens gardiens des troupeaux n’apprécient guère cet intrus, les rennes sont jaloux du cervidé qui leur fait de l’ombre, un voleur tente de le kidnapper pour le revendre. Les épreuves – illustrées avec rythme en variant les cadrages – se multiplient, mais le trio les surmonte à chaque fois.
Guéli Shenké vieillit. Que deviendra l’élan sans lui ? Le danger est partout sauf dans la forêt où le chasseur décide de ramener l’élan malgré lui. La séparation est fatale pour le chasseur qui sera enterré et veillé par son chien sur le territoire de l’élan rendant leur lien indélébile dans cette forêt désormais sacrée comme le raconte si bien la légende.
Requins, Sarah Sheppard, L’école des loisirs
La couverture de cet album est d’une efficacité redoutable, en témoigne la réaction de Robin, 4 ans, qui a tout laissé en plan pour voir de plus près ce requin impressionnant mais aussi très attirant avec son sourire enjôleur laissant paraître deux rangées de dents pointues…
Robin est encore trop jeune pour apprécier tout le savoir encyclopédique de ce documentaire mais il tourne les pages avec curiosité et reste longtemps sur la double page où sont dessinés tous les requins (dont le requin-marteau très apprécié de Robin) qui peuplent les océans.
Il aura tout le temps de découvrir plus tard sous un angle humoristique ces poissons à squelette cartilagineux qui peuplent les océans depuis 400 millions d’années car cet album documentaire a trouvé sa place dans sa bibliothèque.
Au secours des Zulus-Papous, Thierry Dedieu, Seuil jeunesse
Un Thierry Dedieu peut en cacher un autre. Après La princesse au bois se cachait, l’auteur illustrateur change complètement de registre et aborde le thème de la prévention de la nature avec une efficacité graphique remarquable. De quoi s’agit-il ? D’une tribu qui vit tranquille dans une jungle quand soudain apparaît un drôle d’engin, inconnu des Zulus-Papous, mais que le jeune lecteur, en général très amateur, va reconnaître immédiatement.
« Mais non ce n’est pas un frelon géant, c’est un hélicoptère ! » Quant à ce « gros scarabée », il s’agit bien d’un « bulldozer » contre lequel des flèches ne peuvent rien faire. Car si les Zulus-Papous ignorent tout de ces engins bruyants (contrairement au lecteur), ils ont en revanche très bien compris que le danger est imminent. À moins qu’une grenouille aux yeux rouges s’en mêle ?
La narration visuelle (des pleines pages colorées) aux traits limpides et expressifs (la panique du Zulu-Papou qui prévient sa tribu est palpable) permet très vite au jeune lecteur de voir deux mondes que tout oppose mais également de comprendre l’enjeu (vital pour les Zulus-Papous) qui se joue.
Le tout se termine (bien) avec une touche humoristique, tordante pour les petits (se mettre un masque de grenouille pour sauver sa peau, trop drôle) et mordante pour les plus grands (parce que les Zulus-Papous ne valent pas autant qu’une espèce de grenouille en voie de disparition ?). Un album qui fait aussi (un peu) réfléchir mais surtout rire !
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