À chacun ses livres pour découvrir le plaisir de lire…
À force de rencontrer des jeunes lecteurs passionnés, vais-je oublier les enfants qui ne lisent pas ? Je n’ai pas besoin de chercher bien loin pour constater que la lecture n’est pas si évidente pour tous. TAKAlire me le rappelle souvent. Il suffit aussi que je pense à mon propre cheminement de lectrice… Non, à 8 ans, je ne lisais pas énormément !
Comme chez les adultes, il y a plein d’enfants qui n’aiment pas lire. Surtout les gros romans parce que toutes ces pages sans image, c’est quand même un peu effrayant ! Heureusement, il existe des romans courts et de qualité, parfois illustrés, pour les aider à apprivoiser la lecture. À nous, passeurs, de provoquer et susciter l’intérêt des enfants. Et de leur proposer ces petit romans ou bien de les lire à voix haute parce que quand on lit « tout droit » dans sa tête (sans ponctuation), on peut difficilement apprécier l’histoire.
Dans la collection mini-Syros, deux nouvelles histoires signées Eric Simard et Florence Hinckel invitent les jeunes lecteurs à découvrir la science-fiction et à s’interroger sur le futur et le présent. Dans Roby ne pleure jamais, il est question d’un roboïde qui éprouve des sentiments pour l’humaine qu’il est censé protéger. Dans Mémoire en mi, l’héroïne entreprend de lire sa mémoire stockée dans un module pour retrouver les sensations de ses six premières semaines. Dans le même temps, elle se lie d’amitié avec la fille de la domestique alors que sa mère le lui a interdit…
Dans la collection Petite Poche chez Thierry-Magnier, plusieurs titres sont parus en janvier et ce billet me permet de me rattraper au moins pour deux d’entre eux, signés Mathis et Patrice Favaro, que j’ai particulièrement appréciés. Dans Chacun sa cabane, Clément en a marre de ses parents divorcés incapables de s’entendre pour les vacances. Il décide de fuguer chez son grand-père… Une histoire intergénérationnelle et contemporaine très chouette. Avec La fille du loup, l’auteur propose une fable politique sur la démocratie et ceux qui la méprisent de père en fille. À (re)lire d’urgence et à partager entre adulte et enfant (à voix haute, le texte très maîtrisé s’y prête parfaitement) en ces temps troubles où l’extrême droite n’a rarement été aussi décomplexée.
Dans la collection zig zag chez Rouergue, deux romans illustrés en noir et blanc, parus en mai, ont retenu mon attention. L’invention des parents est une très belle histoire signée Agnès de Lestrade dans laquelle Aimée, orpheline, trouve un moyen créatif pour combler le manque d’amour d’une maman et d’un papa. C’est tendre, drôle et plein d’espoir. Ça déménage de Cécile Chartre propose le point de vue sans concession d’un petit garçon dont les parents divorcent. C’est réaliste, sensible et dans l’air du temps.
Dans la collection Benjamin chez Actes sud junior, deux histoires illustrées et colorées, inspirées de la vie quotidienne et très bien racontées par Jo Witek et Gilles Abier, viennent de paraître. Ma vie en chantier parle d’un déménagement particulièrement éprouvant pour Bob qui a dû mal à se réjouir autant que ses parents. Ça sonne juste et c’est, à la fin, rassurant. La chasse à l’amoureux propose une complicité entre frères et sœur qui acceptent difficilement le nouvel amoureux de leur maman. C’est particulièrement irrévérencieux et drôle (pas trop pour la maman mais tout s’arrange avec des pizzas !).
Enfin, la collection boomerang chez Rouergue propose un exercice de style qui peut-être suscitera l’intérêt des enfants les plus récalcitrants aux livres. Le principe ? Deux histoires courtes recto-verso se répondent tout en étant lisibles séparément. À cet exercice, Alex Cousseau excelle à nouveau (après Mon frère est un cheval/Mon cheval s’appelle Orage). Dans Totem/Je t’aime, il est question du sentiment amoureux où le fantastique se mêle au réel. Le garçon au chien parlant/La fille parle à la mer de Claudine Galea évoque la rencontre d’une petite fille qui fuit la guerre dans un bateau de fortune et d’un petit garçon de l’autre côté de l’océan qui attend la reprise de l’école… Un sujet d’actualité raconté à hauteur d’enfant.
Merci pour cette note, les « petits » romans méritent en effet d’être lus… ils nous donnent souvent bien plus de mal à écrire que les « gros »! Bravo pour ce blog. Cordialement.
Avec plaisir. Je suis d’accord avec vous. Ecrire court est un exercice difficile (parole de journaliste 😉 !) mais le résultat est là ! Merci à vous.