Et je danse, aussi d’Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat
Les deux auteurs jeunesse ont écrit un roman épistolaire réjouissant en mode internet pour les grands
C’est un roman à quatre mains « jeunesse » remarquable et remarquée au printemps qui s’adresse aux grands. Une joute littéraire qui se transforme en un jeu de rôle et se termine en relation épistolaire contemporaine.
Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat sont rentrés respectivement dans la peau d’Adeline Parmelan, 34 ans, complexée et cabossée et Pierre-Marie Sotto, 60 ans, écrivain riche et célèbre mais en panne. Pendant six mois, ils s’échangent des mails et laissent leurs personnages tisser le fil d’une histoire intime et profonde sur un ton léger et frais où l’humour cautérise les failles. Entre les considérations quotidiennes futiles et drôles se glissent des confidences intimes, des souffrances passées et un avenir incertain (peut-être à deux, sans la toile ?).
Points de vue de côté
Entre deux correspondances, les deux écrivains vont introduire d’autres personnages dont les mails donnent au lecteur des points de vue de côté, notamment sur l’amour, le métier d’écrivain, l’amitié. Et des clefs sur le caractère taciturne de Pierre-Marie qui se livre sans détour alors qu’Adeline brouille les pistes en s’arrangeant avec la vérité. C’est elle qui sait ce qui se trouve dans l’enveloppe avec son adresse mail au dos (objet du premier courriel) que refuse d’ouvrir l’écrivain.
L’écriture est limpide, fluide et musicale mais surtout nerveuse et rythmée. Le lecteur, lui, est totalement happé par cette relation au ton badin qui, peu à peu, prend une place prépondérante dans la vie de ces deux solitaires qui ne se sont jamais vus et qui pourtant semblent si proches. Il s’étonne parfois d’être en osmose avec une phrase de l’un ou de l’autre personnage et rit d’une autre si bien sentie. Il éprouve une impatience certaine à découvrir la réponse de l’autre au point d’oublier parfois pourquoi cette relation a commencé. Et apprécie d’autant plus l’intrigue construite au fil des mails dont le dénouement ne manque pas de le surprendre.
PS : Si vous avez l’occasion d’écouter les deux auteurs, surtout ne vous privez pas. Ils continuent à jouer leur rôle avec complicité au point de confondre Jean-Pierre et Pierre-Marie ou Anne-Laure et Adeline. Quant à leur enthousiasme, il est ultra-contagieux. J’en ai fait l’expérience à Etonnants Voyageurs après les avoir rencontrés pour dimanche Ouest-France. Non seulement je n’ai pas vu l’heure passer mais j’ai pu voir aussi un public quitté les lieux conquis et joyeux.
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