Fascinant, artistique, romanesque… Trois albums parus en 2018 à (re) découvrir
Attention, une seule lecture de ces trois albums en 2018 suffit pour qu’ils restent gravés dans la mémoire et bénéficient d’une chronique de rattrapage en 2019 !
Le bestiaire imaginaire signé Laurent Moreau a éclos en avril chez Helium, l’histoire invisible révélée par Michel Galvin est apparue en septembre au Rouergue et la rencontre poétique et sous-marine imaginée par Alex Cousseau et illustrée par Janik Coat a illuminé le mois de mai grâce aux Fourmis rouges.
Jouer dehors, Laurent Moreau, Helium
Un album de Laurent Moreau cache toujours une idée innovante et mûrement réfléchie. Dans Jouer dehors (Helium), il s’empare d’un genre, le bestiaire, et donne sa version ludique dans quatorze mises en scène luxuriantes ou flamboyantes.
Il y ajoute une dimension narrative dans laquelle le rapport texte image est bousculé par un imaginaire débordant mais très maîtrisé qui invite au voyage jusqu’à la banquise qui fond à vue d’œil…
Les 250 animaux ont été savamment sélectionnés en fonction de leur habitat. Certains sont menacés, d’autres familiers, parfois totalement inconnus, de temps en temps effrayants… Un index jeu en fin d’ouvrage donne leur état et leur statut selon le classement de la Red list pour l’Union européenne de la conversation de la nature.
Pablo et Floyd sur le bord de l’invisible, Michel Galvin, Rouergue
Pour les grands, cet album est clairement un hommage à Pablo Picasso, notamment ses périodes bleue et rose récemment exposées au musée d’Orsay.
Pour les enfants de 6 ans auxquels cet album s’adresse d’abord, il les invite de façon insolite à s’interroger sur la création artistique et illustre de manière explicite comment le talent du peintre rend visible l’invisible. L’image ainsi prise au sens propre vaut à l’ami du peintre, narrateur invisible jusqu’à la dernière page, une gamelle subtile dans le noir profond.
En guise de chute, Michel Galvin donne une réponse très personnelle et pleine d’humour à la question : pourquoi les flamants roses ont-ils le bec ratatiné ?
Olivier et Léandre, Alex Cousseau et Janik Coat, Les Fourmis rouges
Comment naissent les histoires d’amour ? Pour Olive et Léandre qui n’ont pas grand-chose en commun ˗ l’un est un poulpe et l’autre est un ours ˗ elle commence par plusieurs rencontres manquées comme l’annonce la couverture.
L’océan est immense pour deux êtres qui cherchent l’âme sœur à contresens sans la connaître. Mais est-ce vraiment un hasard que chacun se retrouve chez l’autre au terme d’un long périple du nord au sud et du sud au nord ? Les signes sont là, reste à les actionner et persévérer. Ces deux-là ne le savent pas encore mais ils sont forcément faits l’un pour l’autre. C’est écrit, ils l’écrivent…
Cette aventure romanesque et poétique, qui défie avec fantaisie les lois animales, est aussi une plongée colorée dans les profondeurs de l’océan : banc de sardines, troupeau de crabe, méduse, raies, murènes… proposent un ballet aquatique à la fois dangereux et merveilleux qui sublime cette très belle histoire d’amour. Émotions garanties.
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