Brian Selznick se trouvait au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil dimanche 4 décembre 2011. Chouette rencontre
Il y a quelque temps, je vous faisais part de ma joie d’apprendre que L’invention d’Hugo Cabret allait être adaptée au cinéma par Martin Scorsese (lire). Je n’ai pas encore vu le film sorti mercredi 14 décembre. En revanche, j’ai rencontré son auteur Brian Selznick. J’ai beaucoup apprécié cet échange malgré mon anglais pitoyable (une migraine carabinée m’empêchait de trouver les bons mots même en français –lire-).
Heureusement, ce New Yorkais, sympathique et accessible, a eu la délicatesse de parler très lentement pour se faire comprendre. Voici en quelques lignes notre rencontre parue en partie dans Ouest-France le 14 décembre.
« Quand j’ai su que Martin Scorsese voulait adapter mon livre au cinéma, j’ai été très surpris ! » Le regard émerveillé de Brian Selznick traduit encore son émotion. L’auteur américain de 45 ans était au Salon du livre jeunesse de Montreuil début décembre. L’invention d’Hugo Cabret, parue en 2007 aux États-Unis et en 2008 chez Bayard jeunesse, est rééditée en version poche. Hugo Cabret, le film en 3D, sort le 14 décembre.
Hugo est un jeune orphelin d’une douzaine d’années dans le Paris des années 30. Il vit avec son oncle dans une gare et répare des horloges. Il a une obsession : trouver la pièce manquante de l’automate hérité de son père. C’est là qu’intervient un vieux monsieur qui tient une boutique de jouets… un certain Georges Méliès, le premier réalisateur Français de films avec trucages.
Avant ce livre, Brian en avait écrit et illustré une vingtaine d’autres. « C’est en lisant un documentaire sur les automates qu’est né mon personnage, explique-t-il. Il y avait un chapitre consacré à Méliès. Toute l’histoire d’Hugo est tricotée autour de celle du cinéaste. » Car au-delà de l’intrigue romanesque, le livre est aussi un hommage au 7e Art.
L’auteur s’est beaucoup documenté et a fait trois voyages à Paris. Il a réinventé la gare de son livre car celle de Montparnasse, où Méliès a tenu un kiosque à la fin de sa vie, a été complètement reconstruite. « Je me suis surtout inspiré de la gare du Nord », précise-t-il.
Deux ans et demi ont été nécessaires pour mettre un point final à son œuvre conçue « comme un film muet. J’ai retiré tous les détails du récit pour les dessiner. » Au final, le livre fait plus de 500 pages, dont 300 d’illustrations en noir et blanc qui remplacent des passages du texte. Une écriture cinématographique innovante et réussie. Le roman graphique a obtenu en 2008 la médaille Caldecott, l’une des distinctions les plus importantes décernées aux États-Unis aux livres illustrés pour enfants. « Je n’imaginais pas qu’une histoire qui se passe en France puisse intéresser autant les Américains, » avoue-t-il aujourd’hui.
De même, l’auteur – parent éloigné de David O. Selznick, le producteur de King Kong et Autant en emporte le vent – ne pensait pas voir son histoire portée à l’écran. C’est après la proposition de Martin Scorsese qu’il s’est dit « may be (peut-être) » ! Avec le recul, il réalise que seul cet érudit et amoureux du cinéma pouvait le mettre en images. « Il a su rester fidèle à l’histoire tout en faisant un film très personnel. »
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