Christopher Paolini, un visage d’ado et une maîtrise parfaite de la communication
L’ultime tome de la saga Eragon est en tête des meilleures ventes une semaine après sa sortie. Christopher Paolini, 28 ans, a rencontré la presse française au Lutetia
Le contexte
La rencontre a lieu à Paris, au Lutetia dans le 6e arrondissement. Dans son planning ultra-chargé, le jeune auteur accorde une heure à une première flopée de journalistes dont je fais partie. Le trajet en train ne m’a pas suffi pour venir à bout des 900 pages de L’héritage, l’ultime tome de sa saga d’heroic fantasy. Il ne me reste que deux chapitres. J’ai quelques questions en tête mais pas le temps de construire une interview en anglais. Je me console sachant que dans ce type de rencontre, les questions s’improvisent et qu’une traductrice est présente. Je le regrette amèrement dès la première réponse non traduite…
Christopher Paolini parle un américain compréhensible mais avec un débit sur le mode TGV plutôt que TER. Je cours après les mots et je m’essouffle vite contrairement à mes jeunes pairs qui semblent bilingues. J’enrage, je suis jalouse, je supplie du regard la traductrice. Je me promets qu’un jour, moi aussi, je pourrais tenir une conversation en anglais sans l’aide de personne. En attendant, je pose mes questions en français histoire de calmer le jeu.
L’auteur
Christopher Paolini a gardé sa tête d’adolescent mais son aisance révèle sa maturité. À 28 ans, le jeune homme maîtrise parfaitement l’art de communiquer et son enthousiasme s’avère agréable pour ses interlocuteurs. Avec 33 millions d’exemplaires de sa saga vendus dans le monde, l’auteur aurait pu prendre la grosse tête ou, pire, perdre les pédales. Au contraire, il gère son succès en gardant de la distance grâce à sa famille protectrice et un entourage bienveillant. À Paris, il est accompagné de sa petite sœur qui lui a inspiré le personnage d’Angela l’herboriste.
Fort de son parcours extraordinaire, le disciple de Tolkien n’hésite pas à donner des conseils aux jeunes écrivains en herbe attirés par le genre : lire beaucoup (« a good reader is a good writter ») ; planifier son travail ; s’entraîner à écrire et réécrire comme pour un morceau de musique (« practice and practice ») ; s’accrocher (« don’t give up ») et s’amuser (« have fun »). De son côté, il a l’intention de continuer à raconter des histoires le mieux possible mais d’explorer d’autres genres. En attendant de retrouver le monde d’Alagaësia qu’il ne semble pas vouloir abandonner…
Le livre
Depuis la rencontre, je suis venue à bout des 900 pages. C’était long mais pas si désagréable. D’autant que la traduction, «l’interprétation» de Marie-Hélène Delval, avec la collaboration d’Anne Delcourt, est réussie. Je l’admets, je ne suis pas une spécialiste d’heroic fantasy et si le genre ne me déplaît pas à petite dose, je ne suis pas une fan.
Je suis néanmoins abasourdie par l’univers et l’imaginaire foisonnant de Christopher Paolini. Et je dois reconnaître sa maîtrise dans l’art de raconter des histoires magiques et codifiées, d’inventer des personnages, des créatures fantastiques, des territoires… et, enfin, d’orchestrer le tout. J’avoue apprécier la complicité entre Eragon et Saphira (le personnage préféré de l’auteur), être interpellée par l’enfant-sorcière et admirer la noblesse, la détermination et la liberté d’esprit de Nasuada. À la fin, pas de grande surprise. Le bien triomphe du mal mais quel ultime combat… grandiose !
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