Je suis sa fille de Benoît Minville

Un road-trip à travers la France rurale via la N7 sur fond de crise. Contemporain et réjouissant !

Joan vit avec son père protecteur qui tente de lui épargner sa souffrance au travail et sa dégringolade. Aujourd’hui, il est entre la vie et la mort après avoir tenté de braquer une banque. Joan se réfugie chez Hugo, son ami de toujours. Pour palier sa détresse, il lui propose de faire la peau au responsable de tout ça : le patron. Direction le sud de la France par la N7.

Souffrance au travail. Je n’ai pas le souvenir d’avoir lu cette thématique dans un roman ado. Moi qui venais de travailler sur ce thème pour dimanche Ouest-France, j’ai immédiatement été interpellée par le chapitre dans lequel Joan décrit avec une grande justesse la dégringolade professionnelle de son père et la métamorphose du monde du travail. Je me suis même dit que ses propos auraient pu être un bon témoignage pour illustrer mon dossier.

Road-Trip. J’adore ce procédé littéraire dans lequel s’engouffre un vent de liberté où tout est possible, tout est permis (Goodbye Berlin, Desolation road). C’est sûr, derrière il y a la maîtrise de l’auteur qui, lui, sait très bien où il va (il nous le dit d’ailleurs dans un prologue décapant qui donne envie d’en savoir plus) et comment il va y aller. Entre le départ et l’arrivée, il s’en passe des événements et des rencontres !  Moi, en tant que lectrice, j’ai à chaque fois un réel plaisir à embarquer avec les protagonistes vers l’inconnu.

Liens. Entre Joan et Hugo, il y a quelque chose d’unique. Amitié ou amour ? Un entre-deux trouble et troublant qu’une tierce personne (Blanche) aurait pu dissoudre. Mais non, c’est tout le contraire. Réaliste ? Qu’importe. Il y a quelque chose de pure, de rebelle et de sincère dans ces personnages hors-circuits, à fleur de peau, très attachants. Un trio improbable auquel j’ai cru malgré tout.

Humour. Le duo Vasco et Djib vaut le détour (en chapitre). Difficile de trouver plus opposés mais la force qui allie les contraires est un mystère que la relation des deux jeunes adultes illustre parfaitement. Leur nuit en compagnie du routier sur l’aire d’autoroute est à mourir de rire. Il y a beaucoup d’humour dans ce roman qui traite pourtant de choses graves.

Contemporain. Des dialogues parfois cinglants, de temps en temps grossiers (piquer la Ford de Viasco le fait réagir sans mettre les formes), souvent drôles, aux multiples références (je pense ne pas les avoir toutes captées), un rythme soutenu, un ton parlé mais maîtrisé… Contemporain et urbain. Ça change et c’est bien.

 

Sarbacane
Je suis sa fille, Benoît Minville, Sarbacane, 264 pages, 14,90 €. Dès 14 ans.

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