« Le corps et la sexualité sont des sujets centraux pour les ados »
Touche-moi, le quatrième roman de la collection L’Ardeur des éditions Thierry-Magnier vient de paraître. L’occasion de revenir sur la genèse de cette collection qui s’adresse aux plus de 15 ans.
À l’occasion de la sortie du Goût du baiser de Camille Emmanuelle, j’ai rencontré Charline Vanderpoorte, éditrice chez Thierry-Magnier au Salon du livre et de la presse jeunesse en décembre 2019 pour parler de la collection L’Ardeur. Depuis, trois autres romans sont parus : Le Point sublime de Manu Causse, Toute à vous de Maia Brami et Touche-moi de Susie Morgenstern. Quatre auteurs, quatre univers, quatre proses, quatre romans pour oser, fantasmer, désirer… Entretien.
L’Ardeur en quelques mots, c’est quoi ?
C’est une collection pour les plus de 15 ans qui parle de corps et de sexualité, des sujets centraux pour les ados. On ne souhaite pas utiliser l’adjectif érotique car il est réducteur et il laisse entendre que le sexe prend toute la place, mais ce n’est pas du tout l’idée. Des scènes de sexe, il y en a, mais uniquement si elles servent la narration et si elles se justifient.
Était-il nécessaire de créer une collection ?
Oui parce qu’il y a un vrai manque. Pour trouver des réponses à leurs questions, les ados ont deux solutions : les pornos gratuits dans lesquels le sexe est réduit à une mécanique ou bien les livres de romance très normés dans lesquels des jeunes filles naïves rencontrent un milliardaire… Dans la littérature jeunesse, les questions de sexualité sont rarement abordées et lorsqu’elles le sont, c’est souvent sous des aspects pédagogiques, froids ou négatifs. L’idée, ici, c’est d’explorer cette thématique de manière positive.
Comment avez-vous présenté l’Ardeur aux auteurs ?
Je leur ai expliqué que s’ils avaient envie d’écrire sur le corps, le désir, le fantasme, la sexualité, le plaisir… c’était possible. L’idée est que chaque auteur s’empare de ces sujets tout en restant dans leur univers. Je ne voulais surtout pas tomber dans la commande et dans une autre forme de stéréotype genré avec des textes allant toujours dans le même sens.
Comment ont-ils réagi ?
Certains semblaient mal à l’aise, d’autres au contraire se sont montrés intéressés tout de suite car ils avaient des choses à dire. Chaque auteur arrive avec son histoire, sa culture, sa sensibilité. Camille Emmanuelle, l’autrice du Goût du baiser le premier roman de la collection, est une féministe pro sexe qui a des valeurs à véhiculer. Dans Touche-moi, Susie Morgenstern arrive avec sa manière de créer des personnages, sa langue singulière mais aussi sa pudeur. Je ne leur impose aucune limite. La seule chose que je leur demande, c’est de montrer la sexualité sous l’angle du plaisir même si la construction de leur roman nécessite des passages plus négatifs.
Cette interview est parue dans Ouest-France lundi 9 décembre 2019.
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