Nouvelle Sparte, Erik L’Homme, Gallimard jeunesse
Zoom de Livresse. Dans son roman futuriste, initiatique et un peu géopolitique, l’auteur jeunesse transpose la ville antique en Russie et invente une langue imagée
« Sparte m’a toujours fasciné », déclare d’emblée Érik L’Homme, historien de formation, passionné de la Grèce antique. Sa Nouvelle-Sparte, polythéiste, s’en inspire « mais n’est pas Sparte », réputée par son système éducatif excluant les plus faibles. Surtout, elle se situe dans des latitudes et un climat bien plus froids. « Je l’ai placée près du lac Baïkal, dans un monde complètement reconfiguré », deux siècles après les grands bouleversements qui ont balayé celui d’avant.
Nouvelle-Sparte est aussi une cité en paix, mais fragile, dans laquelle Valère et Alexia, 16 ans, attendent la kryptie, le rituel de passage pour devenir citoyen. La veille, ils se retrouvent dans un bar et échappent de peu à la mort. Un premier attentat ébranle la cité. Il sera suivi d’autres, plus meurtriers. En ligne de mire, le pays où est née la mère de Valère, l’Occidie. « L’Occidie est la caricature de tout ce qui est en germe dans notre société : des inégalités monstrueuses, une conscience écologique proche de 0, le consumérisme comme unique horizon. »
Valère est désigné par le Directoire pour espionner là-bas. Le jeune homme, philosophe, part avec « ses certitudes provisoires et relatives ». Il en reviendra avec une autre manière de voir le monde. « Il s’est réapproprié tout ce qu’il pensait acquis. Il comprend que son pays n’est qu’un morceau de l’étoffe du monde. »
Habilement, Erik L’Homme décrit les préoccupations propres à l’adolescence, qui bascule dans l’âge adulte, tout en interrogeant le monde contemporain. Pour mieux entraîner le lecteur dans son univers postapocalyptique, ultramoderne et spirituel, il invente une langue avec « des mots-valises qui rappellent le grec ancien ». Déroutante, voire perturbante, elle s’oublie au bout de quelques pages. « C’était jubilatoire. Dès que j’écrivais, je retrouvais l’univers de Nouvelle Sparte. » Le concept fonctionne. En témoigne ce message laissé sur le mur Facebook de l’auteur : « Merci pour ce moment de plaisir-lecture. »
Article paru dans dimanche Ouest-France le 14 janvier.
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