
Sylvie Vassallo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse : « Il fallait être doux rêveur, il y a 40 ans, pour imaginer un tel salon »
La 40e édition du Salon du livre et de la presse jeunesse ouvre ses portes mercredi 27 novembre 2024 à Montreuil en Seine-Saint-Denis. L’occasion de revenir sur 40 ans de production et création livresques avec sa directrice Sylvie Vassallo.
Dans un entretien à lire dans son intégralité sur ouest-france.fr, Sylvie Vassallo raconte la naissance du Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil en 1984 et comment, au fil des ans, le salon est devenu le plus grand événement culturel en Europe pour les enfants….
40 ans, quel bel âge pour un salon ! Quel est votre état d’esprit à quelques heures de l’inauguration ?
Je suis dans le même état d’esprit d’effervescence et d’ébullition que les années précédentes au même moment. En revanche, l’importance de fêter les 40 ans du Salon du livre et de la presse jeunesse, nous y pensons depuis un an.
Et ça va se concrétiser comment ?
Par plusieurs événements qui vont, entre autres, montrer l’évolution de la littérature jeunesse durant ces quarante dernières années. Notamment, une exposition sensorielle dans laquelle vingt titres primés au fil des 40 éditions – les pépites aujourd’hui, le prix Baobab hier – vont être présentés. C’est l’occasion de redécouvrir ces titres qui font la littérature de jeunesse contemporaine dans une perspective pleinement inclusive. Nous avons aussi demandé aux éditeurs de mettre en avant un ouvrage incontournable de leur fond. Car même si le temps a passé, ces classiques se transmettent toujours tandis que leurs auteurs et autrices continuent à publier des albums.
Mais l’édition jeunesse ne ressemble plus du tout à celle d’il y a quarante ans…
On ne peut que constater son épanouissement. En 1984, environ 6 000 livres paraissaient par an. Aujourd’hui ce chiffre a été multiplié par trois. Bien sûr, dans les 18 000 titres, il y a des rééditions mais ça donne quand même une idée de l’expansion de cette littérature dont l’extension s’est fait pas les deux bouts : la petite enfance et l’adolescence.
Peut-on parler de surproduction ?
Bien sûr car même s’il y a eu une extension par les deux bouts, à savoir la petite enfance et l’adolescence, le lectorat n’est pas forcément existant. Devant le succès de la littérature jeunesse, il n’y a une expansion qui n’est pas complétement assumée et qui pose question. Surtout du point de vue de la capacité du public à se repérer mais aussi des médiateurs. C’est pour répondre à cette surproduction que le salon a créé Kibookin, une plateforme de conseils autour du livre et de la lecture. Dans une année, nous en lisons 5 000.
Comment la création a-t-elle aussi évolué du côté de la petite enfance ?
Nous sommes passés d’une vision assez classique avec des histoires illustrées par des images, comme Chien Bleu et les peintures sublimes de Nadja qui sont vraiment des œuvres d’art, à de nouvelles recherches narratives avec une prise en compte de lecteurs de plus en plus jeunes. Aujourd’hui, il existe une littérature pour les bébés claire, exigeante et pas du tout infantilisante, qui n’existait pas il y a 40 ans. Je pense notamment à une autrice comme Lucie Félix qui, dans ses livres pour les tout-petits, implique le corps des bébés. Il y a aussi beaucoup de liberté du côté de livres plus formels comme les imagiers et les abécédaires. Ils sont historiquement inscrits dans la littérature de jeunesse mais aujourd’hui, ils sont devenus des objets de connaissance artistique avec un travail sur les couleurs, sur les inventaires, sur les formes, sur le vocabulaire, sur le rapport entre le texte et l’image…
Et du côté de l’adolescence ?
Pour moi la dimension la plus marquante, c’est la rupture avec Harry Potter dans les années 2000. Jusqu’alors, on partait du principe que les ados, lorsqu’ils étaient lecteurs passaient à la littérature adulte. On s’est rendu compte alors qu’une littérature pouvait s’adresser aux ados et aux jeunes adultes, rendant la frontière entre la littérature jeunesse et adulte poreuse.
No Comment