Sale journée
Il est temps que cette journée du 26 mai se termine…
« Au lendemain des élections européennes, le FN est le premier parti politique en France ». Non, ce n’est pas un cauchemar mais une réalité entendue sur les ondes ce matin. Le réveil est d’une violence inouïe et la journée s’annonce plombée. Je fuis les commentaires politiques stériles mais je ne résiste pas à écouter le franc-parler d’un Daniel Cohn-Bendit sonné.
J’essaye de me raisonner, dédramatiser, relativiser… en vain. Il se passe un truc de moche, dans ce pays. De très moche. Vote de protestation, de ras-le-bol ? L’argument ne passe plus. Protester en donnant une voix à un parti raciste, europhobe et pour la peine de mort ? Incompatible. Mieux vaut s’abstenir. À moins d’être raciste, europhobe et pour la peine de mort…
Se lever avec de telles pensées, c’est lourd à porter. D’ailleurs, j’ai mal au dos. Très mal au dos. Je tente de ne plus réfléchir en m’activant sur des choses futiles mais utiles. Je me console en regardant les résultats de Rennes où le PS est arrivé en tête suivie d’Europe écologie Les Verts relayant le FN à la 4e place avec 9 % des voix. Quand même…
Le malaise est tenace. Je décide de me vider la tête à la piscine. 1,5 km de brasse pour me concentrer sur mon souffle et chasser les idées noires. Dans l’eau, mon dos me fait moins souffrir. Je m’épuise et je me sens un peu mieux. J’esquisse même un sourire en découvrant un coin lecture insolite dans le hall de la piscine. L’affiche m’amuse et les livres me rassurent.
En rentrant, j’évite de tomber sur certaines personnes. Pas envie d’entamer une conversation dont je crains l’issue. L’extrême droite décomplexée, j’ai déjà donné cet été à Fréjus. Je préfère me réfugier chez Paulette, aussi assommée que moi. Finalement, ça fait du bien d’en parler.
Les enfants sont rentrés et le quotidien reprend le dessus. À table, on évoque les élections avec quelques heures de recul. Le goût est toujours amer mais il va falloir s’y faire. Et vite oublier cette sale journée.
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