Fascinant, enivrant, poignant… Voici la première sélection hebdomadaire de Livresse
Au programme de cette nouvelle rubrique : un livre paléontologique en 3D, un roman jazzy à souhait, et un album écrit par une maman pirate
Cette semaine, Max Ducos invite les enfants à creuser la terre et à découvrir ce qu’elle cache avec des archéologues ; Mikaël Thévenot embarque les ados à New York dans les années 1920 au son d’un saxophone ; enfin, Karine Surugue imagine une allégorie délicate et juste et Rémi Saillard la met en images pour parler aux jeunes enfants du cancer du sein…
Le Fossile, Max Ducos, Sarbacane
Le Royaume de minuit paru en janvier 2017 avait embarqué le lecteur dans une nuit extraordinaire et l’avait plongé, comme toujours avec Max Ducos, dans des tableaux aux perspectives infinies, aux cadrages multiples et aux détails foisonnants.
Dans ce nouvel album, qui commence par un drôle de caillou trouvé par hasard par Clément (et un peu grâce à son chien), l’auteur fait un pas de côté en utilisant le livre dans ses trois dimensions pour scruter avec précision, et toujours avec le souci du détail, le travail des paléontologues. Le point de vue du lecteur reste en revanche le même tout au long des pages cartonnées qui s’agrandissent. Ce dernier est invité à fouiller la terre, à identifier un squelette de dinosaure fossilisé et à découvrir toute la vie qui fourmille autour de la paléontologie, explicitée à la fin du livre, ce qui ajoute à l’ouvrage une dimension documentaire.
« Au fur et à mesure qu’il tourne les pages, découpées en courbe de niveau, explique Max Ducos, le lecteur creuse avec Clément et les archéologues. Du coup, la découverte finale est un peu la sienne ! » C’est fascinant et le pop-up final enthousiasmant.
Le Petit prince de Harlem, Mikaël Thévenot, Didier jeunesse
Les amateurs de rythmes et de musicalité vont pouvoir goûter au club de jazz grâce à ce roman dont l’intrigue principale se situe dans les années 1920 à Harlem, à une époque où le racisme se manifestait à New York par une ségrégation entre Harlem et Manhattan.
Le roman commence en mai 2018 en Louisiane. Le protagoniste est noir, vieux et fatigué mais il lui reste encore assez d’énergie pour écrire sa vie. Un flash-back le ramène en 1927 à Harlem. Sonny, a alors 14 ans et vit avec sa mère qui se tue au travail pour l’élever.
L’adolescent, orphelin de père, est prêt à tout pour pour permettre à sa mère de se soigner, y compris à l’argent facile et illégal. Son insouciance l’empêche de mesurer le danger, et il s’en faut de peu pour qu’il n’y laisse sa peau. Ses seuls moments de répit sont lorsqu’il monte sur le toit écouter Charlie souffler dans un saxophone. Un jour, il ose souffler dans celui de son père. « C’est ton âme qui chante là-dedans, Sonny ! N’oublie jamais ça ! »
Ce roman initiatique parle de rencontres, de filiation, de choix et du souffle du jazz. Il « retransmet » aussi un concert enivrant de la 138e Rue qui donne des frissons.
Ma maman est une pirate, Karine Surugue et Rémi Saillard, Gautier-Languereau
Utiliser les bons mots pour parler à un enfant de 4 ans du cancer et les rendre supportables… Karine Surugue les a trouvés en s’inspirant de l’univers de son fils. Lui qui était fasciné par les pirates, elle a utilisé ses propres cicatrices, son foulard et ses nausées pour se métamorphoser en femme pirate et livrer un combat sans merci avec un équipage soudé contre un crabe monstrueux.
Les moments durs ne sont pas occultés et s’intègrent avec délicatesse dans cette histoire où les accalmies suivent les grosses tempêtes. Les illustrations de Rémi Saillard intègrent avec subtilité la dimension médicale dans cette allégorie poignante et donnent au staff complet un rôle héroïque. Une belle façon de leur rendre hommage aussi !
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