J’ai le sentiment…

… d’avoir croisé un grand monsieur 

Jean-Jacques Sempé est logiquement présent à l’inauguration de l’exposition parisienne Les vacances du Petit Nicolas à la mairie du IVe arrondissement. Ce sont ses dessins originaux qui y sont exposés. Je l’aperçois d’abord de dos, sur le banc, entouré de l’équipe du film (sur les écrans le 9 juillet) dont Kad Merad qui fait le show face aux photographes qui en redemandent. Il y a aussi Anne Goscinny, la fille de René. Puis tous partent, sauf lui. Je l’imagine inaccessible et blasé. Pourtant, régulièrement, des personnes souriantes viennent le saluer après être retombées en enfance devant ses dessins. Son trait tendre, drôle et poétique fait désormais partie du patrimoine. Il est même aujourd’hui sur des pièces de monnaie de 10 et 50 €.

Et puis vient mon tour inattendu (et imprévu) d’être présentée. Surprise, je me dis que je vais en profiter pour lui parler du numéro du quotidien L’équipe qu’il a illustré et qui m’a scotchée. Je veux aussi savoir qui est le petit Nicolas. Lui ou son ami René Goscinny ? Mais, proche de lui, je découvre un monsieur de 81 ans dont le corps est fatigué et je comprends son immobilité. Il me salue, souriant, en plantant ses yeux dans les miens. Il émane de son regard une bienveillance rassurante mais aussi une fragilité touchante. Émue, je l’observe échanger avec son interlocutrice. Intimidée, je suis incapable de dire un mot. Je réussis néanmoins à rompre mon mutisme pour lui dire au revoir en lui tendant la main. Je pars en emportant son image, avec le sentiment d’avoir croisé un très grand monsieur…