Le passeur
Parue en 1993, cette utopie nous ouvre toujours les yeux pour y voir en couleurs !
J’adore partager mes lectures (ce blog en est la preuve) mais j’adore aussi que l’on me donne envie de découvrir un livre. Lorsque Manon, en stage à Ouest-France cet été, m’a tendu Le passeur en me disant « c’est tout simplement génial » (avec cette petite lueur dans les yeux qui en dit long sur son ressenti), je n’ai pas hésité une seconde malgré la pile des nouveautés à côté de mon lit. Et je ne le regrette pas.
Jonas, 11 ans, vit avec ses parents et sa petite sœur dans une communauté formatée. Chaque vie suit une voie contrôlée dans le moindre détail. Inutile de réfléchir, d’autres le font pour vous. En contrepartie, tous les individus ne manquent de rien, mangent à leur faim et trouvent leur place dans une société aux règles strictes que personne n’aurait l’idée de transgresser. La vie des enfants est rythmée par des cérémonies dont l’ultime est celle de leur douzième année. A cette occasion, les membres du comité des sages leur attribuent un métier en fonction de leurs qualités observées depuis leur naissance. Jonas se voit décerner un poste spécial et va suivre une formation auprès du dépositaire de la mémoire. A son contact, il découvrira les couleurs, les émotions et la liberté.
J’adore le mot « passeur » et dans ce roman de science-fiction, il est lourd de sens. L’écriture est épurée, limite froide au début du livre, à l’image de cette société insipide. Puis elle se colore au contact du Passeur. Chaque émotion transmise à Jonas est décrite avec une telle précision qu’une empathie s’installe subtilement. L’opposition entre le passé (où le malheur côtoyait le bonheur) et le présent ne tombe jamais dans le simplisme et la nuance est de mise ce qui invite à la réflexion. On sort de ce roman en ayant une conscience aiguë du sens de la vie.
Ce billet est pour moi l’occasion d’inaugurer la rubrique « lectures de rattrapage ». Pourquoi ce blog tomberait dans le diktat de l’actualité littéraire ? D’autant que Manon ne s’est pas limitée à me prêter Le passeur. Elle m’a aussi offert Oh boy ! de Marie-Aude Murail que j’ai enfin lu grâce à elle. Et je compte bien vous en parler dans un prochain billet. Merci Manon !
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