Double jeu de Jean-Philippe Blondel, Actes sud junior
Une seconde chance, une rencontre, un nouveau départ… Et une écriture très plaisante.
Quentin déconne dans son lycée de quartier. Absentéisme, insolence, bagarre… La liste des griefs est longue et le verdict sans appel. L’année prochaine, il ira au lycée Clémenceau, chez les « bourges ». A l’autre bout de la ville. Une seconde chance selon son proviseur. Quentin accuse le coup. Depuis la rentrée, il cherche à se faire oublier. C’est facile. Les profs craignent cet élève au passé fiché qui vient de l’autre bout du monde et évitent tout contact. Sauf, La Fernandez, prof de français et d’art dramatique. Pour elle, Quentin est loin d’être transparent…
Je suis rentrée dans ce roman par l’écriture. Immédiatement, je m’y suis sentie bien. Des phrases parfois courtes et percutantes. Un vocabulaire juste, des dialogues réalistes, un rythme entraînant. J’adore. Tout de suite aussi, j’ai eu beaucoup de sympathie pour Quentin, le narrateur, un adolescent de 16 ans bouillonnant, dans un entre deux, au cours d’une année clef.
Peut-on imposer une seconde chance à un élève qui ne trouve pas sa place dans l’école ? Comment trouver sa place dans un monde où les codes sociaux excluent ceux qui ne les possèdent pas ? Qu’aurait été cette année-là sans LA rencontre décisive ? Les destins tiennent parfois à pas grand-chose mais encore faut-il être capable de saisir la main que l’on vous tend. Quentin a eu cette présence d’esprit grâce à une personne qui a su le regarder autrement, lui enlever son étiquette, le respecter. Grâce aussi à la littérature, qui aide à grandir et à se construire. Grâce enfin au théâtre qui a su lui redonner une estime de soi.
Derrière cette histoire, l’auteur peint avec réalisme une école à deux vitesses et injuste qui reproduit les clivages de la société au lieu de les estomper. Une école où les préjugés dominent alors que l’esprit critique devrait l’emporter. Une école où l’expression artistique tient à la volonté d’une seule personne alors qu’elle devrait être accessible à tous. En attendant que l’école change vraiment, Quentin est l’exception qui confirme la règle. Et son histoire, un beau roman.
PS : Merci à la chronique d’Enfantipages de m’avoir donné envie de lire ce roman.
Je suis ravie que ma chronique ait eu cet effet là et encore plus qu’il t’ait plu !
Sans toi, je serais sans doute passée à côté… Merci !
Je l’ai donné à mon neveu (17 ans), j’espère qu’il prendra autant de plaisir…