Grandclapier de Joann Sfar
Le premier roman pour grands ados (et adultes) de Joann Sfar édité chez Gallimard jeunesse. Détonant !
Auteur de bandes dessinées, scénariste et réalisateur de cinéma, maintenant romancier ! À cette remarque à laquelle il n’échappe pas, Joann Sfar temporise. Tout ça finalement, c’est la même chose. À chaque fois, il raconte des histoires. Un poncif, disent les blasés. En même temps, ce n’est pas faux.
Sauf que là, ce n’est ni du cinéma, ni des planches de BD. Avec les mots, Joann Sfar s’échappe des cases. Il laisse libre cours à son imagination fertile et en littérature jeunesse, la créativité, on aime ! − Même si ça ne doit pas être de tout repos pour l’éditeur car avec Sfar, ça dépote − Résultat, ça donne Grandclapier, un roman de l’ancien temps inclassable et pas facile à résumer à lire dès 15 ans mais aussi à 43, l’âge de l’auteur.
Une histoire d’ogre amoureux et malheureux dans un pays imaginaire peuplé de créatures de fantasy et de légendes qui sent bon la Provence et Nice, sa ville. Grandclapier passe son temps avec son compagnon d’infortune, Brasque-le-Noir, à massacrer tout ce qui bouge. Leurs aventures se passent sur fond de guerre de religion (monothéisme contre polythéisme), de licornes introuvables et d’eau devenue rare. Le tout donne un mélange détonant au résultat absurde, drôle, cruel et féerique où se succèdent moments contemplatifs et scènes d’action. Dans un style qui se prête à l’oralité et avec des dessins en noir et blanc épars. Seule condition requise pour le lecteur : accepter de se laisser embarquer dans cet univers imprévisible…
De Joann Sfar, je ne connaissais que Le chat du Rabbin (j’adore) et le film Gainsbourg, vie héroïque dont j’ai un souvenir prégnant teinté de féerie. Je me suis donc lancée dans cette lecture avec une certaine impatience mais je ne m’imaginais pas vivre une telle expérience en terrain inconnu. Mon peu de connaissances en littérature fantasy − qui n’est pas vraiment ma tasse de thé ou à toute petite dose alors − ne m’a d’ailleurs pas servi à grand-chose.
Dès les premières pages, grand moment d’interrogation. Mais où suis-je ???? Curieuse, j’ai forcément continué me demandant où j’allais atterrir sans jamais deviner la réponse. En même temps, j’avais beau être paumée, je n’avais pas envie de lâcher. Un je ne sais quoi me retenait. Héros monstrueux et tendres à la fois ? Personnages improbables ? Dialogues absurdes ? Questionnements existentiels ? Style percutant ? Humour noir ? Démesure gargantuesque ? L’absence de repères justement ? Sans doute, il y a un peu de tout ça à la fois… Aurai-je envie de renouveler l’expérience au tome 2 (qui, si j’ai bien compris, ne sera pas une suite) ? Affaire à suivre (justement)…
No Comment