Une lettre mise au point qui fait du bien
Elle est signée Alain Serres, éditeur de Rue du Monde, et accompagne ses voeux pour la nouvelle année
Jeudi 27 janvier, j’ai reçu les vœux des éditions Rue du Monde. L’éditeur, Alain Serres, est connu pour son militantisme et son engagement en faveur de la littérature jeunesse en particulier et des enfants en général. Il honore une nouvelle fois sa réputation sous la forme d’une lettre « mise au point ».
Le prétexte ? Les propos méprisants de François Busnel, journaliste et critique littéraire, sur l’appellation « littérature jeunesse » parus dans l’Express le 24 novembre, juste avant le Salon de Montreuil. Selon lui, il s’agit d’« une invention marketing destinée à écouler une production souvent mièvre et à soutenir des maisons en mal de chiffre d’affaires ». Et le critique continue en conseillant aux enfants des lectures « qui ne sont pas de leur âge ».
Alain Serres en profite pour s’adresser aux critiques qui partagent le même avis sans l’exprimer mais qui se concrétise par l’absence des livres jeunesse dans les médias (pas tous, heureusement !). Il ne nie pas l’existence de livres niais et irrespectueux des enfants. Mais doit-on réduire toute la littérature jeunesse à cette production-là ? Et dans la littérature adulte, n’existe-t-il pas aussi de mauvais livres à but uniquement commercial ? Quant à limiter les lectures des enfants juste aux seuls London, Stevenson, Verne, Dumas, Balzac… l’éditeur y voit une sacrée punition rappelant que les enfants sont terriblement contemporains et qu’ils méritent aussi des auteurs et illustrateurs vivants et en phase avec leur temps !
La lettre continue par un bel hommage aux créateurs qui considèrent les enfants comme des personnes : des éditeurs exigeants capables de prendre des risques. Des auteurs et des illustrateurs qui innovent sans cesse car les enfants, aussi, sont exigeants. Des libraires passionnés, des bibliothécaires, des adultes qui partagent les lectures des enfants…
Et se termine par une invitation à une table ronde pour que ceux qui ignorent tout de la littérature jeunesse actuelle viennent faire connaissance avec ceux qui la font exister… Preuve que, dans ce secteur, l’ouverture d’esprit n’est pas un vain mot mais bien une réalité !
De mon côté, cette lettre m’a fait du bien. Elle ne s’adresse pas à moi puisqu’elle est à l’attention des critiques littéraires et de tous ceux qui n’ont pas eu la chance de rencontrer un bon livre jeunesse. Mais je ressens souvent ce mépris, cette hiérarchie entre littérature jeunesse et littérature adulte (sans y adhérer une seule seconde) même si j’ai la chance de travailler dans un journal qui donne un peu de place aux livres jeunesse. Mais cette place est fragile.
Inviter l’enfance dans les médias n’est toujours pas une mince affaire et donner aux enfants leur juste place – ni plus, ni moins – relève parfois du parcours du combattant… Merci donc à Alain Serres de m’avoir envoyé ses vœux accompagnés de cette lettre car je me sens moins seule.
L’article de François Busnel m’avait échappé. En revanche, il n’a pas échappé à Valérie Zenatti, écrivaine talentueuse pour la jeunesse et les adultes qui lui a fait une réponse tout en finesse !
Très bien vu !
A la Bande-dessinée aussi, il a fallu du temps pour être reconnue comme un genre littéraire et artistique à part entière…
Et aujourd’hui, on n’oserait plus remettre cela en question !
Dans le parcours d’obstacle de la littérature jeunesse vers la reconnaissance, des blogs comme celui-là aident !