Des oiseaux qui n’ont pas leur bec dans leurs plumes !
En dressant l’oreille, on peut les entendre le matin au réveil !
Les oiseaux
C’est d’abord un œuf qui éclot, des parents bienveillants puis un nid trop petit. L’oisillon devenu grand peu prendre son envol et parcourir le monde pour découvrir les autres, tous différents mais tous vivants dans le même monde. A chacun sa place, à chacun son rythme, à chacun ses particularités…
Cet album, proche du documentaire, s’adresse aux plus petits qui seront sans doute sensibles aux traits épais, aux contours grossiers et aux couleurs attirantes des illustrations tout en mouvement. Les formes se confondent et demandent parfois un effort de concentration pour repérer l’arbre du pic vert, distinguer l’aigle dans le bleu du ciel et apprécier le vol des moineaux. Le texte est rythmé par une phrase refrain facile à retenir. Libre ensuite à chacun d’utiliser cet album pour l’adapter aux hommes, qui eux aussi sont tous différents et vivent dans le même monde…
Ferme ton bec !
Maman poule est heureuse de voir les bouts de becs de ses huit poussins. Le neuvième, lui, prend son temps pour sortir de son œuf. Maman poule le reconnaît tout de suite. C’est celui qui pépiait sans répit encore au chaud dans sa coquille ! Avant même qu’il émette le moindre son, elle lui ordonne : « Ferme ton bec ! » Le poussin, surpris, imagine que cette injonction est son prénom. Ce qui ne calme pas son appétit de parler… et d’interroger toute la basse cours. Des question pertinentes ou impertinentes et toujours embarrassantes car souvent existentielles…
Ce conte randonnée est drôle mais aussi philosophique ! Le texte est rythmé. Les rimes, les répétitions et les intonations − induites par une typographie colorée à la taille plus ou moins grande − se prêtent à la lecture à voix haute. Les illustrations expressives s’incrustent avec pertinence et humour dans le texte jusqu’à la nuit qui s’étale à fond perdu sur deux doubles pages pour marquer l’angoisse d’une mère qui ne retrouve plus son petit. Quant au gros plan du poussin qui s’interroge sur l’amour de sa mère, il fait mouche. Mais rassurez-vous, tout se termine bien. Avec un gros câlin, quelques règles de vivre ensemble ainsi que des yeux et un bec grands ouverts ! Non la curiosité n’est pas un vilain défaut mais une qualité qu’il faut juste doser et dont tout le monde peut profiter.
Henny
Henny n’est pas une poule comme les autres et ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Enfin, là ce sont des bras à la place des ailes. Une différence de taille avec laquelle Henny doit grandir. Parfois, elle aime ses bras. Parfois, elle les déteste. Parfois, elle est fière de cette différence qui lui permet de faire des choses que les autres ne peuvent pas. Parfois, elle souffre d’être la risée de la ferme… Que doit-elle faire ? Les dissimuler ou les utiliser ?
Cet album traite avec justesse des ressentis et des questionnements sur la différence vécue par celui qui n’est physiquement pas comme tout le monde : les avantages, les inconvénients mais aussi l’envie de ressembler aux autres avant de s’accepter tel qu’on est. Henny a réussi à donner une utilité à ses bras qui lui ouvrent de grandes perspectives comme le laisse supposer la chute particulièrement bien trouvée. Les illustrations répondent au texte avec expressivité… et humour aussi !
L’opéra volant
Oisel est né artiste. Il le sait, c’est inscrit au fond de lui. Plus grand, le bel oiseau joue avec les mots et impressionne un loup en improvisant un ballet. Oisel se révèle poète et danseur mais cela ne lui donne pas de quoi nourrir son bec. Alors Oisel collectionne les petits boulots. Jusqu’à une mission un peu particulière dans laquelle il se blesse une aile, il se lie d’amitié avec Léna la petite fille qu’il doit ramener chez elle et rencontre des oiseaux chanteurs qui vont lui permettre de réaliser son rêve : diriger une troupe d’artistes. Mais dans ce vaste monde, il y a des endroits où l’on n’aime pas les troubadours. C’est le cas de la ville de Léna. Chassés, les oiseaux-artistes ne baissent pas les ailes. Au contraire. Oisel décide de monter un opéra volant…
Ce grand et bel album illustré est un délice pour les oreilles comme pour les yeux. L’histoire, d’abord, qui est un très bel hommage aux artistes qui ont le don d’émerveiller le monde et le monde en a bien besoin. Le texte, ensuite, qui coule avec fluidité et joue une musique aux sonorités harmonieuses. Les illustrations, enfin, qui proposent une interprétation singulière de l’histoire. L’artiste laisse libre-cours à son imagination et se révèle costumière pour oiseaux imaginaires. Le tout en fait un livre gai, flamboyant et poétique.
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