Kodhja, Thomas Scotto et Régis Lejonc, Thierry-Magnier
Album ou bande dessinée ? Ce livre est un entre deux, un passage, une métamorphose… Labyrinthique et magnifique
Un jeune garçon pénètre dans une cité murée de remparts. Une fois la porte franchie, le garçon se retrouve dans une rue sombre et unique. Il se rassure. C’est forcément cette voie qu’il doit emprunter pour trouver le roi. Il continue son chemin, entend un murmure, puis plusieurs. Une voix grinçante s’extirpe du brouhaha. C’est un enfant masqué qui lui propose de le guider. Au préalable, l’enfant emmène le garçon en haut d’un escalier pour lui montrer la route qu’il doit parcourir. À leur pied, s’étale un immense labyrinthe. Vertigineux. Le garçon pense à rebrousser chemin. Mais l’enfant l’en dissuade…
Qu’est-ce que l’adolescence si ce n’est une quête identitaire dans un labyrinthe dont il faut trouver la sortie ? Un dédale semé d’embûches dans lequel on peut se perdre, se tromper de chemin, revenir sur ses pas et dans lequel une aide est toujours précieuse et bienvenue pour retrouver son chemin.
Cette image mythologique est ici magnifiquement mise en scène dans un album narratif à la frontière de la bande dessinée : un texte poétique, sobre et juste, rythmé par des dialogues incisifs et provocateurs ; des illustrations pertinentes et subtiles, parsemées d’ambiances éprouvantes et d’émotions contradictoires. Et de références enfantines et universelles aussi qui parleront tout autant aux adultes.
Au-delà des trouvailles symboliques, la réussite de cet album réside dans ses multiples résonances qui évoluent au fil des lectures. Il met en scène une cité que le préadolescent n’a pas fini de visiter. Les fondations de l’enfance sont indestructibles et l’adolescence n’est qu’un premier passage… Un album à garder précieusement et infiniment.
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