Je serai cet humain qui aime et qui navigue, Franck Prévot et Stéphane Girel, Hongfei
Un album tout en émotion qui raconte la poésie dans sa démarche créative
- Un enfant trouve un coquillage sur la plage. À l’intérieur, ce n’est pas la mer qu’il entend mais une musique de mots qu’il ne comprend pas mais c’est beau. Son grand-père, veuf et pêcheur à la retraite, n’entend que la mer. Il a bien du mal à comprendre ce qui enthousiasme autant son petit-fils. Patiemment, le garçon va traduire les mots pour le vieux marin qui, sous ses airs réfractaires à la poésie, n’en est pas moins empreint malgré lui. L’enfant y puise ce que son grand-père n’a pas su lui transmettre. Le garçon met des mots sur les non-dits et crée son propre poème qui parle de ses origines pour mieux regarder l’horizon et se construire un avenir.
À quoi sert la poésie ? Cet album n’a rien de pédagogique mais il propose une réponse sensible qui passe d’abord par les émotions puis par la démarche créative. Les poèmes deviennent des vecteurs affectifs pour dire et transmettre. Un mode d’expression qui remplit le silence entre deux êtres qui s’aiment. Un lien fort entre un petit-fils qui crée grâce à ce qu’il reçoit imperceptiblement et un grand-père qui reçoit grâce à ce qu’il donne inconsciemment.
Les illustrations à fonds perdu, douces, marines et vives, traduisent le lien mutique entre le grand-père et son petit-fils. Elle montre la distance qu’impose, par sa stature, le vieux pêcheur et que l’enfant cherche à réduire. L’image pudique à travers le hublot, où l’enfant lit son poème au chevet de son grand-père, en dit long sur ce vieux marin qui, sans sa casquette, déborde de tendresse et de sensibilité…
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