Jessie des ténèbres, Yann Rambaud, Hachette Romans
Un roman initiatique qui mêle réalité, rêves et cauchemars dans une nature omniprésente
Jessie, 13 ans, vit avec ses parents adoptifs, aimants et bienveillants, dans une maison qui jouxte la forêt. Cette douceur de vivre contraste avec l’enfer qu’elle vit au collège. Désignée bouc émissaire par une poignée de ses pairs, elle doit faire face à leurs railleries incessantes mais préfère taire cette souffrance qui n’échappe pas à Gaspard, le seul garçon de sa classe qui la regarde autrement. La nuit, des cauchemars, en lien avec le secret de sa naissance, l’assaillent. Heureusement, il y a les mercredis et les week-ends où elle peut s’échapper dans la forêt pour retrouver Alice. Cette fille de son âge débarquée de nulle part la nourrit de ses dingueries en lien direct avec la nature dans laquelle elle puise une force insoupçonnée. Rêve ou réalité ?
Le propos de ce roman est un thème inépuisable : la quête de ses origines qui, dans le cas d’un enfant adopté, devient un sujet prégnant en pleine adolescence. Il est ici traité avec une complexité et une densité inattendues dans lesquelles la frontière entre rêve et réalité est ténue. Le lecteur est invité à un numéro d’équilibriste entre des cauchemars, à la tension effrayante, et des moments d’apaisement revigorants au milieu de la nature avant d’affronter une réalité peu glorieuse du collège : le harcèlement. Mais là aussi, l’équilibre est maintenu grâce aux interventions de Gaspard et aux réactions de Jessie qui réussit, petit à petit, à sortir de sa position de victime.
Le tout est raconté avec une écriture sensible et poétique. Visuelle aussi. Le lecteur plonge dans les cauchemars et les rêves de Jessie avec une acuité déroutante.
À noter que Jessie des ténèbres n’est pas le tome 2 de Gaspard des profondeurs car il se lit indépendamment l’un de l’autre.
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