Bonnes nouvelles du monde, Alain Serres et Nathalie Novi, Rue du monde
Un très bel album pour commencer l’année en ouvrant son regard sur les recoins du monde
La désespérance gagne Théophraste. Les informations que lui rapportent les oiseaux lors de la grande conférence sont de plus en plus terribles et tragiques : les guerres, les maladies, les gens sur l’océan… Alors, quand Zunzuncito, le plus petit des colibris, arrive dans la volière et dévoile de minuscules nouvelles souriantes et solidaires, Théophraste reprend goût à la vie sans pour autant nier le monde tel qu’il est mais avec l’espoir de le voir meilleur.
Tout le monde le sait. Les journalistes racontent uniquement les trains qui arrivent en retard car les trains qui arrivent à l’heure, ce n’est pas une information. C’est juste normal.
De là à réduire les informations uniquement aux mauvaises nouvelles est un pas franchi à la Une des journaux pour des questions de place et des raisons cyniquement commerciales.
Pourtant les bonnes nouvelles sont aussi des informations. Certes, elles sont souvent toutes petites voire minuscules à l’image de ce colibri et concernent sans doute moins de monde que les guerres et les tremblements de terre mais est-ce une raison pour les taire ? En les additionnant, elles peuvent aussi peser pour rétablir un équilibre fragile avec celles qui s’imposent par leur atrocité.
En tout cas, prendre le temps d’ouvrir son regard pour observer le monde dans toute sa complexité peut contrer la morosité et le pessimisme. À condition que ces bonnes nouvelles soient lues. Il suffit parfois de scruter les pages intérieures des journaux pour retrouver le sourire.
C’est ce que raconte cet album qui offre au lecteur quelques coins de ciel bleu dans la grisaille quotidienne. De vrais événements, qui ont permis de rendre la vie meilleure à des adultes, des enfants ou des animaux, sont mis délibérément en avant, sans nier la dangerosité du monde. Ces bonnes nouvelles sortent des pages des journaux du monde entier et sont illustrées par de très beaux tableaux aux couleurs chatoyantes.
A noter les clins d’œil à l’éloquence du philosophe Théophraste qui accordait une grande importance à l’observation directe, précise et rigoureuse et au principe du colibri qui rappelle que le pouvoir de changer le monde est dans les mains de chacun.
Le livre est dédié à Yusra et Sarah Mardini, qui ont fui la Syrie et sauvé, en nageant sur deux kilomètres, les réfugiés d’un bateau qui prenait l’eau sous leur poids. Elles ont participé au JO de Rio dans le cadre de l’équipe de dix réfugiés que le Comité international olympique a constituée.
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