Qui es-tu, papa ?
Ce roman, au rythme soutenu, mélange habilement des questionnements ancrés dans notre époque et la quête d’identité d’un adolescent
J’ai eu l’occasion de rencontrer Allan Stratton en 2010 à Montreuil. Il était venu en France à l’occasion de la sortie du film Le secret de Chanda, une très belle adaptation de son roman qui porte le même nom. L’auteur a écrit une suite Les guerres de Chanda en 2009 que je n’ai toujours pas lue. En revanche, je n’ai pas attendu pour lire Qui es-tu papa ? son dernier roman paru en février (le billet, lui, a mis du temps à être écrit, je vous l’accorde, mais ce serait trop long à vous expliquer et totalement inintéressant…).
Sami, 16 ans, en quête d’identité, vit aux États-Unis. Son père, chercheur dans un laboratoire de biologie, a fui l’Iran quand il était jeune. Musulman pratiquant, M. Sabiri est très sévère avec son fils. Entre les deux, l’incommunicabilité domine. Une nuit, le FBI embarque son père. À la télévision, Sami et sa mère apprennent qu’il est soupçonné d’appartenir à un groupe terroriste. La quête de Sami se transforme en enquête au rythme soutenu et aboutit à une vérité surprenante et inattendue…
Je n’ai pas été aussi bouleversée et chamboulée qu’avec Chanda mais j’ai beaucoup apprécié ce roman qui ne laisse pas indifférent et invite à la réflexion. À nouveau, l’auteur mêle, avec pertinence et nuances, les grands thèmes de l’actualité contemporaine avec le quotidien d’un adolescent. Cette fois-ci, il est question d’Islam et de terrorisme ainsi que de la stigmatisation et des excès qui découlent des peurs. Quant à Sami, le personnage principal, il vit une relation compliquée avec son père mais elle est centrale dans sa quête d’identité.
L’écrivain montre aussi bien les difficultés qu’éprouve un adolescent soumis à une pratique religieuse contraignante que le racisme quotidien dont il est victime dans son lycée privé où argent et pouvoir sont indissociables. En même temps, il dénonce les dérives d’une société qui cherche à se protéger à tout prix des dangers, sans craindre la démesure au point d’en oublier les libertés fondamentales…
Lorque je le lisais, j’en ai parlé à table et j’ai suscité l’intérêt de Gabin, mon ado de 15 ans : «Ça a l’air bien, je vais le lire». Cette réaction est assez rare pour que je vous la relate. Mais bon, c’est un ado qui a l’art et la manière de remettre au lendemain ce qu’il peut faire le jour même. En plus, il n’a pas fini Vango 2 (qu’il adore pourtant mais il a tellement de choses à faire !!!). A suivre donc !