Colorado Train, Thibault Vermot, Sarbacane
Ce premier roman, paru au mois de septembre 2017 et récompensé en octobre par une mention spéciale du jury du Prix Vendredi, a beaucoup fait parler de lui, et pour cause !
Ceux qui ont dévoré, enfants, la série Chair de poule seront en terrain déjà conquis. Les autres devront un peu s’accrocher, mais l’expérience littéraire vaut vraiment le détour.
L’intrigue de Colorado Train, premier roman de Thibault Vermot, se situe en 1949, au cœur de l’Amérique profonde, à Durango. Grandir dans cette ville paumée au milieu des Rocheuses oblige à avoir une sacrée imagination pour échapper à un quotidien parfois sordide et une atmosphère pesante. Suzy doit composer avec les accès de violence de son père flic alors que Mikael doit supporter l’absence lourde de non-dits du sien…
Avec Donnie, Durham et George, la bande s’occupe à construire des fusées et à les faire décoller. Elle aime aussi se retrouver dans une cabane taillée sur mesure. C’est dans cet endroit qu’elle tente de comprendre la disparition de Moe. Le garçon a beau être leur ennemi juré, ça n’a pas de sens de disparaître du jour au lendemain sans raison. Leur enquête va prendre une tournure morbide lorsque le gosse est retrouvé à moitié dévoré. De quoi réveiller quelques cauchemars…
Les ogres n’existent pas que dans les contes. La preuve avec ce roman qui n’hésite pas à impliquer le lecteur dans les pensées de la Chose dévoreuse de chair fraîche. Complice malgré lui, il va assister impuissant à ses macabres intentions et ses déplacements dans un paysage ocre, accidenté, hostile et grandiose, traversé par une ligne de chemin de fer qui se dessine au fil des pages. Tout en suivant de très près, faute de pouvoir les avertir, Suzy, Mikael et son petit frère.
La construction et l’atmosphère sont la force de ce roman dont l’écriture cinématographique donne à voir, à sentir, à entendre et à ressentir l’effroi et l’horreur. Mais impossible de lâcher prise. Et impossible non plus d’abandonner ces personnages attachants et fragiles, qui ne sont pas là que pour nourrir l’intrigue. Ce sont aussi des ados avec des parents cabossés, qui tentent d’échapper à l’ambiance oppressante de l’après-guerre. Ils se cherchent, se découvrent et s’attirent. Et l’aventure qu’ils vivent vont les souder à jamais.
Thibault Vermot a dévoré les romans Stephen King. La filiation avec le maître de l’horreur est évidente selon les connaisseurs. D’autres voient dans ce Colorado Train, une proximité avec l’univers glaçant de la série Strangers things.
Ce qui est sûr, c’est que ce premier roman, salué par la critique et récompensé par une mention spéciale du jury du Prix Vendredi, est parfaitement maîtrisé.
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