Gustave Eiffel et les âmes de fer, Flore Vesco, Didier Jeunesse

L’enquête fantastique de personnages réels dans un décor industriel racontée par une plume élégante et sémantiquement riche

Historique, fantastique, scientifique, romantique… Après Louis Pasteur et les Loups-Garous, Flore Vesco réitère le multigenre, replonge au XIXe siècle, donne à son précédent protagoniste un second rôle d’homme mûr et expérimenté, et s’approprie une année de la jeunesse Gustave Eiffel pour lui faire vivre une enquête fantastique. Joli programme, non ?

En 1855 dans un Paris en pleine Révolution industrielle, le lecteur fait la connaissance du jeune Gustave Eiffel, ingénieur fraîchement diplômé à la recherche d’un emploi, dont le nom ne jouit pas encore de la notoriété de la dame de fer. Mais du fer et d’âmes, il en sera beaucoup question dans cette histoire…

Auparavant, le jeune homme devra bousculer son esprit logique et sa vision cartésienne du monde pour accepter un poste à la SSSSSS (Société super secrète des savants en sciences surnaturelles) qui a apprécié son esprit d’équipe. À ses côtés, un certain Alfred Nobel sera également recruté.

Piquant, épique, surnaturel

Sa formation en mode accéléré ne manque pas de piquant et de scènes épiques, parfois même surnaturelles. Elle est surtout d’une impressionnante efficacité car le jeune homme, physiquement métamorphosé, en sort impatient d’en découdre et provoque de lui-même sa première mission : retrouver un mystérieux phénix dans une manufacture.

Le ton est donné et l’invraisemblable est de mise mais l’ambiance industrielle de Paris est relatée avec détails et précisions, ce qui ajoute au roman une dimension sociale. Désormais embauché en tant que contremaître, l’agent secret va mener l’enquête sur fond de cadences infernales, de conditions de travail lamentables et de relations hiérarchiques tendues que quelques calembours ne suffisent pas à détendre… Gustave va aussi tomber amoureux de la fille du patron (là c’est la dimension romantique). A noter également que la scène finale, tellement visuelle que les effluves en sont presque odorantes, est électrique, voire foudroyante.

Le résultat (antinomique) donne un roman de science-fiction en mode historique et à résonance contemporaine. Ces machines vivantes ne seraient-elles pas les ancêtres de l’intelligence artificielle en mode inversé ?

Didier jeunesse
Gustave Eiffel et les âmes de fer, Flore Vesco, Didier jeunesse, 224 pages, 15,90 €. Dès 11 ans.

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