Isabelle Pandazopoulos : « Qui est vraiment Zakarya, coupable idéal ? »

Isabelle Pandazopoulos : « Qui est vraiment Zakarya, coupable idéal ? »

PODCAST. Isabelle Pandazopoulos signe une tragédie contemporaine à l’issue implacable qui donne à voir la complexité d’une jeunesse en quête d’avenir. Le roman fait partie de la sélection du prix Vendredi 2022.

Depuis On s’est juste embrassés jusqu’à Demandez-leur la lune, en passant par La décision ou encore Double faute, les romans d’Isabelle Pandazopoulos explorent des sujets forts, parfois dérangeants. Ils questionnent, révoltent, émeuvent. Sa plume nuancée campe à chaque fois des personnages complexes, souvent inspirés de ses anciens élèves décrocheurs. L’honneur de Zakarya, récit sombre et bouleversant, ne déroge pas à la règle.

Les premières pages infligent au lecteur une rage de dents à vif. Zakarya Benothmane, 20 ans, souffre le martyre en cellule. La douleur extrême illustre les conditions de détention déplorable en milieu carcéral et « indigne d’une démocratie », s’offusque Isabelle Pandazopoulos. Elle s’est longuement documentée sur les prisons à travers les lectures du journal L’envolée.

La violence le la mise à nu

Le jeune homme attend son procès depuis plus d’un an. Il comparaît dans deux jours pour le meurtre de Paco Moreno, son rival au club de boxe. Il nie, mais tout l’accuse. Surtout, Zakarya se mure dans un silence qui épuise son avocate. Mais elle ne le lâche pas.

Coupable ou non coupable ? Le procès est relaté avec une précision réaliste : le ton impérieux du président de la Cour d’assises, les auditions à la barre, les regards intenses, fuyants ou absents. « J’ai assisté à deux procès d’assises et j’ai été frappée par la violence de la mise à nu du prévenu, rapporte l’écrivaine. La moindre chose qu’il a pu penser, qu’il a pu dire, qu’il a pu faire est exposée et interprétée. »

Un conflit de valeurs insoluble

Son personnage n’y échappe pas. Les débats tendus, interrompus par de multiples flash-back,densifient la personnalité énigmatique de Zakarya. Ils donnent à voir d’autres vérités de ce coupable tellement idéal. « Au-delà de sa culpabilité ou non, le sujet de mon livre c’est : « qui est-il » ? », interroge Isabelle Pandazopoulos.

Pour trouver des réponses, le lecteur navigue entre le banc des jurés et des tranches de vie de l’accusé : une mère louve qui tait le passé pour reconstruire le présent, son coach figure masculine de substitution, sa bande d’amis cabossés, la belle Aïssatou son amour impossible…

« Je voulais aussi écrire une tragédie, admet l’écrivaine. Celle d’un conflit insoluble de valeurs… » Zakarya fait un choix qui laisse le lecteur dans un désarroi implacable, mais allégé de préjugés binaires, incompatibles avec la présomption d’innocence. (Article paru dans Ouest-France le 15 juin 2022).

Scripto, Gallimard jeunesse, 352 pages, 13,50 €. Dès 15 ans.

L’honneur de Zakarya fait partie
de la sélection du prix Vendredi 2022


Scripto, Gallimard jeunesse, 352 pages, 13,50 €. Dès 15 ans.

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