La douane volante de François Place, Grand Prix de l’Imaginaire 2011
Le prix a été remis samedi 11 juin à Étonnants voyageurs. Une actu qui m’a permis de découvrir ce très beau roman pour ados et une très belle plume
Le roman est paru en janvier 2010 mais je ne l’avais pas lu. Pourquoi ? Je ne le sais pas. Il m’a échappé. En revanche, plusieurs personnes m’en ont, depuis, dit du bien dont un dénommé Timothée de Fombelle. Évidemment, ça suscite la curiosité… J’attendais les grandes vacances pour me faire ma propre opinion. Mais lorsque j’ai appris pour le Grand Prix de l’Imaginaire d’Étonnants voyageurs, je me suis précipitée sur l’occasion pour bouleverser mon planning…
1914 en Bretagne. Gwen le tousseux, faible et bon à rien, devient l’apprenti du vieux Braz, le rebouteux du village. Tant qu’il vit avec lui, Gwen se sent à l’abri des mauvaises intentions et en profite pour observer le savoir-faire de son maître qui lui transmettra son fluide avant de disparaître. A la mort de ce dernier, les animosités des villageois assaillent à nouveau le jeune garçon. Au sens figuré comme au sens propre. A bout de force, Gwen n’est pas surpris de voir la charrette de l’Ankou – le serviteur de la mort dans les contes bretons – venu le chercher pour le « grand voyage »…
Dès les premières lignes, je me suis attachée au narrateur. Gwen n’a rien d’un héros et sa fragilité incite à la compassion. La rudesse de la vie dans ce village breton en ce début du XXe siècle semble crédible et le vieux Braz authentique. Lorsque le récit bascule dans l’Ailleurs (à l’apparition de l’Ankou), la frontière entre le réel et l’imaginaire est tellement poreuse que l’on ne sait jamais vraiment où l’on se trouve. Seuls les sursauts de Gwen, nostalgique de sa Bretagne et en quête de liberté, nous rappelle qu’il est prisonnier d’un monde imaginaire.
Un monde dans lequel les personnages ont une véritable épaisseur romanesque. Ni bons, ni mauvais mais complexes. Chacun va, à sa façon, aider Gwen à grandir et à maîtriser son don de guérisseur. A commencer par Jorn, le redoutable officier de la douane volante, manipulateur, méprisant et méprisable mais qui, au cours du récit, devient aimable. Il y a aussi Silde, Nez de cuir, Ignaas, Matias, Abraham Sternis, Saskia… Et surtout le pibil Daer, l’oiseau ivrogne et savant, binôme du jeune rebouteux, capable de parler latin et de faire le pitre dans les bars mal famés…
Quant à l’écriture de l’illustrateur François Place, elle est très belle. Elle s’intègre parfaitement à l’atmosphère du roman dont j’avais du mal à m’extirper pour revenir à la réalité du quotidien mais, en contrepartie, je prenais beaucoup de plaisir à y retourner !
Un roman très particulier qui marque beaucoup! Une finesse d’écriture extraordinaire 😀 et des personnages très attachants.