La Montagne, Manuel Marsol et Carmen Chica, Les Fourmis rouges
Un album méthodiquement farfelu et délicieusement facétieux qui reconnecte joyeusement le lecteur à la nature… et c’est merveilleux !
Le quotidien d’un chauffeur routier peut prendre des ascensions étonnantes et des virages inattendus. Comme le lecteur de cet album au format vertical, en lien direct avec son titre, La Montagne, dont la forme typographique pyramidale invite à prendre de la hauteur.
LA
MON
TAGNE
Mais revenons dans la vallée et au carrefour où est arrêté un camion rouge. La côte tend son asphalte au semi-remorque qui connaît par cœur ce trajet quotidien. Les animaux de la montagne sont d’ailleurs habitués à le voir rouler, inutile de se cacher. Mais ce jour-là, la routine est rompue par une envie pressante… qui se passe de texte. Le routier s’éloigne de la route pour trouver un peu d’intimité près d’un muret.
Eveil des sens
L’homme, soulagé, peut regagner son camion… en vain. Il est perdu. L’esprit de la montagne, invisible, (mais pas pour le lecteur ce qui crée un décalage entre le texte et l’image) l’attire irrésistiblement dans une forêt qui a le pouvoir de développer ses sens de façon remarquable. Sa main grandit avec démesure au contact de l’écorce d’un arbre. Ses oreilles deviennent immenses en entendant le vol d’un aigle. Son nez triple de volume en respirant des fleurs… La stupeur passée, le livreur se laisse aller (le lecteur aussi) et la métamorphose peut commencer.
L’homme se transforme en un gentil maxi-monstre (avec un faux air des maxi-monstres de Max). Il se met à grimper puis à dévaler la montagne, à s’allonger dans l’herbe, à plonger la tête la première dans la rivière, à jouer avec les animaux, du plus petit au plus grand, en passant par des créatures imaginaires. Son enthousiasme est communicatif, c’est magique ! Le lecteur n’a plus qu’à se laisser gagner par les sensations du livreur, méconnaissable et heureux, en totale symbiose avec la nature.
Tiens, ce muret a un air de déjà-vu. La balade merveilleuse se termine. L’esprit de la montagne, personnage à part entière de cette histoire, laisse le maxi-monstre rejoindre la route où est stationné son camion. La porte du semi-remorque est grande ouverte pour accueillir le livreur, un peu groggy, qui a retrouvé sa physionomie. Que s’est-il passé ? Le lecteur aussi n’en revient pas. Mais qu’est-ce que c’était chouette ! Allez, on y retourne ?
Manuel Marsol, l’auteur et illustrateur de cet album coup de cœur, a reçu le huitième prix international de l’illustration à la foire du livre de Bologne 2017.
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