La plus grande peur de ma vie, Éric Pessan, l’école des loisirs
Un roman d’une grande intensité dramatique, narrée par un talentueux personnage. En arrière plan, le thème du harcèlement scolaire.
Quand Norbert est arrivé dans la classe, Lalie, Jordan et David ont vite compris ce que contenait son sac. L’objet a de quoi donner des sueurs froides qui vont se transformer en mots sous la plume de David.
L’histoire commence par une après-midi banale entre potes qui, pour tromper l’ennui, décident d’explorer un manoir avant sa destruction définitive. Dans leur expédition lugubre, ils tombent sur une grenade. C’est cet objet qui se retrouve dans le sac de Norbert et qui, bientôt, se retrouvera dans sa main au milieu de la cantine. Pourquoi ? Norbert a ses raisons que même ses plus proches amis ne voient pas ou ne veulent pas voir…
Une peur contagieuse
Ça commence par une panique difficilement compréhensible pour le lecteur mais assez convaincante par le style et le ton du narrateur. Puis, la tension retombe, le temps d’un flash-back narré avec excitation, émotion et mise en perspective imaginaire, avant de repartir de plus belle. Avec connivence cette fois-ci car, à ce moment-là, le lecteur connaît la menace qui pèse sur le collège. Mais ce qu’il ignore encore, c’est la souffrance de Norbert qui explose, d’abord au sens figuré, par une colère contenue depuis trop longtemps pour l’exprimer sans crier.
Le temps est en suspens. Les silences, visibles typographiquement, s’étirent. La tension est à son comble. Des phrases rythmées, haletantes et précises décrivent la scène avec une intensité dramatique qui implique tellement le lecteur qu’il a l’impression d’en faire partie. La plus grande peur de la vie du narrateur est contagieuse.
L’explosion au sens propre n’aura pas lieu mais la déformation des faits se propagera comme une traînée de poudre… à méditer. Quant au dénouement, il met en lumière un mal banalisé qui touche tous les établissements scolaires, le harcèlement, et invite le lecteur à y réfléchir de plus près pour rompre le silence et trouver des remèdes.
PS : bien vu le clin d’œil à Tony, le grand frère de Jordan, qui a parcouru des centaines de kilomètres pour alerter les médias sur le sort de sa famille menacée d’expulsion.
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