La vie des gens
Des chroniques de la vie de gens ordinaires peintes par François Morel (avec ses mots) et Martin Jarrie (avec ses pinceaux). Et c’est simplement beau.
Connaissez-vous Paulette et son cochon en porcelaine ? Kader et ses baskets ? Mathilde et son sécateur ? Bernard et sa roue ? Je vous invite à faire connaissance avec eux au plus vite grâce à ce bel album inclassable. Ce n’est pas une histoire mais des histoires. Ou plutôt des tranches de vie, des instantanés pris sur le vif et à picorer dans l’ordre que vous voulez. C’est aussi l’association de deux artistes qui ont déjà accompli un très beau livre Hyacinthe et Rose. Entre ces deux là, le courant passe car le résultat est là.
L’un, Martin Jarrie, a été accueilli dans une banlieue parisienne et a rencontré quinze personnes. Au préalable, il leur avait demandé d’amener un objet qui leur était cher. Il en ressort quinze visages et quinze objets, réalistes et banals, de la même importance sur lesquels François Morel s’est penché. Avec sa plume et son imagination.
Un objet, un portrait, un texte. Chaque personne est un personnage qui se raconte à la première personne (espoirs et angoisses, joies et peines, souvenirs et projets) dans un texte concis, limpide, rythmé et qui, entre les lignes, laisse à chacun d’y mettre son ressenti et soi-même.
Je vous entends vous interroger. Cet album conceptuel a-t-il sa place en littérature jeunesse ? Va-t-il parler aux enfants autant qu’aux adultes ? En tout cas, moi, je me suis interrogée et empressée de montrer l’album à ma fille Lou, 11 ans, pour voir sa réaction. Je lui ai présenté le concept avec enthousiasme ce qui ne veut pas dire que j’ai influencé son avis : Lou est au collège et l’enthousiasme de sa mère est désormais suspect. Pourtant, elle s’est montrée attentive et intéressée par l’idée.
Je lui ai lu Paulette. Elle a pensé à sa Paulette (notre voisine de 93 ans). Elle n’a pas dit grand-chose mais j’ai vu dans son regard qu’elle ne rejetait pas le livre… au contraire. La vie des gens (comme « l’avis des gens » m’a-t-elle fait remarquer) ne la laisse pas indifférente. Alors pourquoi pas d’autres enfants ?
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