L’arbre aux fruits amers
Un roman qui évoque les temps obscurs du Ku Klux Klan dans l’Amérique profonde…
1930. James Cameron est un adolescent noir qui vit pauvrement avec sa mère et ses sœurs dans une petite ville de l’Indiana aux États-Unis. Entraîné par des amis, il participe pour la première fois à un braquage. Face au couple que le trio a choisi pour soutirer de l’argent, le jeune homme prend peur et s’enfuit. Il ne sait donc pas ce qui s’est passé ensuite. Mais les faits sont là. Une des deux victimes est morte, tuée par une balle. Les trois amis sont arrêtés. James est accusé d’être l’auteur du coup de feu. Il clame son innocence mais que vaut la parole d’un jeune noir dans une Amérique où des lois ségrégationnistes font régner de multiples injustices et dans laquelle le Ku Klux Klan compte 5 millions d’adhérents en 1925 ?
Les événements autour desquels est construit le roman sont authentiques (1). Essentiels dans le récit, ils s’intègrent dans la narration tout en restant en toile de fond. Les personnages fictifs et réels se confondent. Des liens se tissent quand d’autres se délient, des mères luttent et tentent de recoller les morceaux, des consciences évoluent… La violence n’est pas édulcorée (et nécessite peut-être un accompagnement), le propos n’est pas simpliste et la fin est bel hommage à un très beau texte et une très belle dame.
Ce roman n’est pas une nouveauté puisqu’il est sorti en 2012. C’est grâce à son auteure, Isabelle Wlodarczyk, qui a su trouver les mots clefs (via Livresse), que j’ai eu envie de le lire. Les vacances sont idéales pour les lectures de rattrapage !
Au fait, les mots clefs sont « Strange fruit » et « Billie Holiday ». J’adore cette chanteuse quant à la chanson (écrite par Abel Meeropol, en 1937 et chantée par Billie Holiday en 1939) elle raconte les corps noirs qui se balançaient aux branches des arbres : des hommes pendus par le Ku Klux Klan… Frissons garantis !
(1) Les faits historiques sont explicités à la fin du livre comme dans les autres romans de cette collection (Histoire et Société chez Oskar). A lire également La femme noire qui refusa de se soumettre et Je suis un homme d’Éric Simard.
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