Le Jardin du dedans-dehors, Chiara Mezzalama et Régis Lejonc, Les éditions des éléphants
[J-9] L’amitié secrète et tout en émotions de deux enfants séparés par un mur, dans un pays en guerre
La narratrice de cette histoire est une enfant. Elle raconte le départ de sa famille dans un pays lointain. « Là où on allait, il y avait un dedans et un dehors. » Le dedans est un jardin, magnifique et apaisant, pétris de souvenirs des temps passés que deux enfants, la narratrice et son petit frère, explorent avec imprévoyance. Ce havre de paix emmuré n’a jamais aussi bien porté son nom. Car la page suivante montre le dehors, une ville en sang. La guerre y a chassé les oiseaux et les fontaines ne chantent plus.
C’est dans ce contexte contrasté, rythmé par les jeux et les aventures, en vert, et les sirènes antiaériennes et les bombes, en rouge, que Chiara rencontre au bout de jardin, derrière le portail, Massoud. Le garçon, agile, franchit le mur, transgresse la limite, le rouge se juxtapose au vert. Le dehors est entré dedans, et alors ? Les deux enfants aiment se retrouver, en cachette des adultes, pour partir à l’aventure dans l’immensité jardin, terreau de leur imaginaire : ils sont du bon côté du mur et ont désormais les mêmes ennemis.
Chiara veut sceller son amitié par un cadeau. Mais Massoud le refuse et s’enfuit, du mauvais côté du mur. Le jardin, sans lui, est vide et froid. Est-ce qu’un mur peut empêcher deux enfants de s’aimer?
L’album – inspiré par l’enfance de l’auteure dont le père a été nommé ambassadeur d’Italie à Téhéran en 1980 – raconte par un texte sobre et délicat, un secret, le secret du dedans-dehors, savamment mis en images et en couleurs. Il raconte aussi un mur transgressé, une amitié clandestine, une prison dorée, des sentiments contradictoires… Le tout est un condensé d’émotions que chaque lecteur, quel que soit son âge, ressentira avec sa propre sensibilité.
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