L’enfant de Schindler de Leon Leyson
Un témoignage posthume, un récit d’enfance poignant, un hommage à Oskar Schindler
« Encore un livre sur la Shoah ! » Natacha Derevitsky, directrice éditoriale chez Pocket jeunesse, n’était pas emballée. « Et puis j’ai découvert l’histoire incroyable de ce garçon de 12 ans, sauvé in extremis d’une mort certaine. Et de ce manuscrit remis juste avant sa mort, tel un devoir de mémoire. »
Leon Leyson, Polonais émigré aux États-Unis en 1949, décède en janvier 2013 à l’âge de 83 ans. Son témoignage posthume est aujourd’hui traduit en France. Un récit d’enfance, en Pologne, avec un avant l’invasion allemande et un après la guerre. Et, surtout, un pendant le ghetto de Cracovie, terrible, retranscrit de manière simple et directe à travers le regard de l’enfant qu’il était, le rendant accessible aux enfants d’aujourd’hui. Sans édulcorer les persécutions, la peur, la faim, la folie de Göth, la mort du frère, « l’enfer sur terre » (en parlant du camp de Plaszow)… Mais avec l’omniprésence d’Oskar Schindler.
« Le nom de Schindler ne m’évoquait qu’une chose, écrit-il. Cet homme avait donné du travail à mon père. » Entre les moments d’humiliation, d’angoisse et de désespoir qui rythment son récit poignant mais jamais insoutenable, se dessine en filigrane un hommage à cet Allemand complexe, qui « a prouvé qu’une personne seule peut se dresser contre l’enfer et faire la différence. »
« Excellent orateur »
Pourquoi avoir attendu autant d’années pour écrire ce témoignage ? Leon Leyson a longtemps tu son passé, indicible outre-atlantique car inimaginable. « La première fois que mon père m’en a parlé, je devais avoir 9 ou 10 ans, explique son fils Daniel Leyson. Son âge pendant la guerre. J’étais, alors, incapable de réaliser ce qu’il avait vécu. C’était tellement éloigné de ma vie d’enfant américain ! »
Et puis, il y a eu le film, La liste de Schindler, en 1993. « J’étais assis à côté de mon père lors de la première. À la fin de la projection, j’étais incapable de dire un mot. Je venais de voir la description vivante de son enfance brutale. C’était surréel ! » Pour Léon, c’est le déclic. Il commence à raconter son histoire à l’oral, donne de nombreuses conférences sans jamais prendre de notes. Lui qui a enseigné pendant trente-neuf ans, il se révèle « excellent orateur. Il ne s’est jamais lassé et a continué malgré la maladie. »
Ce n’est que les trois dernières années de sa vie qu’il prend la décision d’écrire un livre. « Il a choisi de s’adresser aux jeunes. Avec ce message : ne pas suivre aveuglément la meute car chacun est capable de faire de bonnes choses même dans les pires moments. »
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