Les Chroniques de Zi, livre 2, Nara, Jean-François Chabas, Nathan
La traque d’une princesse par un ogre immortel au cœur des Monts Jaunes… époustouflant, déroutant et férocement esthétique
Personne ne revient des Monts Jaunes. La légende est tenace et impossible à contredire. Comment une princesse peut-elle lutter face à un ogre vorace et sanguinaire qui, pour tromper l’ennui, fait durer le supplice ? L’issue tragique de cette traque cruelle et infernale semble d’autant plus inéluctable qu’une malédiction, un sort jeté par un sorcier à sa naissance, condamne Nara à mourir si toute personne tente de la sauver.
Le fougueux et amoureux Phélan l’ignore. En s’aventurant avec son ami Turi dans ces terres hostiles et maléfiques pour sauver celle qu’il aime, il lui fait courir un autre danger fatal et les deux guerriers risquent d’y laisser leur vie.
Légendes, contes et mythes
Le livre 1, Phélan, avait laissé le lecteur en suspens. Le livre 2, Nara, l’embarque dans un suspense époustouflant pendant plus de 200 pages…
Dans ces monts truffés de légendes, de contes et de mythes revisités, le lecteur épouse le point de vue de Nara et se glisse dans ses pensées avec une aisance étonnante, l’obligeant à retenir son souffle. Seuls les passages dialogués lui permettent de lâcher prise car les propos échangés, déstabilisants, détonnent avec le tragique de la situation.
La rencontre de la princesse avec des nains au milieu de la forêt a un air de déjà-vu. Avec de nombreuses nuances cependant puisque la jeune femme n’a pas la peau blanche comme de la neige et les nains ne sont que deux, certes grincheux, mais surtout centrés sur eux-mêmes. Nara n’a de princesse que l’honneur dû à son rang. C’est avant tout une femme libre, intelligente, curieuse, courageuse, agile, habile (et affamée) dont la repartie et le toupet contrastent avec l’image docile et discrète associée à son statut dans les contes de fées.
Le répit est bref, la chasse oppressante. À nouveau retenir son souffle. Pourtant, rien ne semble effrayer cette princesse, qui vacille entre rage de vivre et fatalisme digne, ni ce monstre qui la talonne à chaque pas, ni le danger devant elle qui prend la forme d’un dragon. À travers son regard, le lecteur est subjugué par l’esthétisme du combat qui oppose le dragon et l’ogre venu récupérer sa pitance.
Nara survit. Quelles forces occultes jouent avec son destin ? Qui peut l’affranchir de sa malédiction ? Quel pouvoir détient-elle ? L’immortalité de l’ogre est-elle infaillible ? Dans ce livre 2, Jean-François Chabas distille quelques éléments de réponses sans pour autant éclaircir tout le mystère qui semble orchestrer par une sorcière qui sent la vanille et deux fées susceptibles… Vivement le livre 3 consacré à Turi.
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