Soleil glacé, Séverine Vidal, Robert Laffont
Un roman énergisant et poétique dans lequel se mêlent rupture amoureuse, mort, secret, handicap, fraternité, violence, bienveillance… et une rage de vivre contagieuse.
La vie réserve parfois des surprises aux conséquences psychologiques insoupçonnées. Dans Soleil glacé de Séverine Vial paru aux éditions Robert Laffont, Luce, étudiante, le découvre en mode condensé et aigu.
Quand elle apprend la mort brutale de son intermittent de père, elle n’a toujours pas fait le deuil de sa relation amoureuse, salement rompue par un SMS. Elle se dit « anesthésiée ». A l’enterrement, elle découvre l’existence de Pierrot, son demi-frère handicapé mental. Face à lui, elle est « terrassée par une émotion vive et complètement nouvelle ».
Sarcastique et poétique
Luce ne va pas aller voir le psy comme lui suggèrent sa mère et sa belle-mère. Elle transforme ses sentiments contradictoires et ambivalents en une force vitale instinctive mais aussi en un road trip initiatique. Il s’agit de rattraper vingt années volées par la lâcheté d’un homme. Le tout est porté par la plume vivante et contemporaine de Séverine Vidal aussi sarcastique que poétique. Le titre du roman, très bel oxymore, en est un avant-goût.
Dans Nos cœurs tordus, écrits à quatre mains avec Manu Causse, Séverine Vidal a déjà exploré la thématique du handicap en plongeant les lecteurs dans une classe Ulis. Dans Soleil glacé, il est présent mais en arrière-plan. Le regard de la société sur le handicap est abordé avec réalisme mais aussi sensibilité. Pierrot est tel qu’il est mais il est aussi volontaire que sa sœur pour inventer en vitesse accélérée cette relation fraternelle dont ils ont été privés.
Cette rencontre entre une jeune adulte fragilisée avec un frère tout neuf et différent est vraiment une très belle histoire racontée avec rythme et talent. Ce n’est pas un hasard si le roman est sélectionné pour le prix Vendredi qui sera dévoilé lundi 2 novembre.
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