Un mois à l’Ouest, Claudine Desmarteau, Thierry-Magnier
Un road-trip initiatique au Canada et aux Etats-Unis à travers le regard mordant d’un jeune Français largué et paumé.
Claudine Desmarteau a l’art de peindre des personnages écorchés vifs en utilisant à chaque fois la plume et le ton adéquats sans oublier les nuances sémantiques et le rythme approprié. En rentrant dans la tête de Jan, une préado révoltée, elle avait offert au lecteur une expérience littéraire unique. En sondant le cœur et le corps meurtris de Lou (T’arracher), anéantie par un chagrin d’amour, elle donnait à vivre des émotions à l’état brut.
Cette fois-ci, avec Frédéric, jeune homme amoureux éconduit sur des terres inconnues, elle change d’époque et de genre et embarque le lecteur dans un road-trip improvisé à l’Ouest, rythmé par des rencontres singulières. Petit détail : le voyage se déroule dans les années 1980. Exit le téléphone portable, internet et la wifi gratuite chez Mac Do. En revanche, les twin towers sont encore là. Cette dimension historique, loin de ringardiser le propos, souligne sa portée universelle, accentuée par la verve vivante et mordante du protagoniste au prénom daté.
Frédéric vit son premier chagrin d’amour mais se garde bien de se lamenter sur sa douleur (et son amour-propre). Esseulé et coincé pendant un mois de l’autre côté de l’Atlantique avec juste quelques dollars en poche, il décide de prendre le large sur le sol américain et adopte comme carapace un humour cynique et caustique. Le récit de ses rencontres, allant d’un bûcheron canadien à un trappeur asiatique, en passant par un junky urbain, est juste jubilatoire.
Mais en arrière-plan des scènes burlesques, crûment racontées, se dissimule une gravité qui, au fil des kilomètres va se dévoiler. Le road-trip prend des allures de voyage intérieur, étape nécessaire pour se reconstruire après la perte d’un être aimé. Quant aux rencontres, qui donnent à voir une Amérique complexe et multiple, loin des clichés réducteurs, elles vont forger et façonner Frédéric qui gardera de ce voyage des images à jamais indélébiles comme ces photographies qui illustrent le roman.
Salut,
Merci pour cet article. Le protagoniste s’appelle Frédéric et non François.
A bientôt
Florence
Merci Florence pour ce rectificatif. Comment Frederic est devenu François ? Mystère… En tout cas, je peux compter sur ta lecture et ça me me rassure. A très vite
Anne-Flore