Le chat aux yeux d’or de Silvana De Mari
Un très beau roman à la frontière du conte fantastique
Leila est une des rares de son école ghetto à entrer au collège. Pauvre et grosse, elle est tout de suite étiquetée par sa prof d’italien qui la condamne à échouer dès le jour de la rentrée. Pourtant, Leila est loin d’être une sotte. Certes, elle ne rentre pas dans le moule de l’école mais elle a des compétences à partager, une amie immigrée à libérer, une petite chienne à sauver. Et puis, il y a ce chat affamé à qui elle donne à manger…
Il y a beaucoup de choses dans ce roman, conte moderne et légèrement fantastique qui se termine comme un conte de Noël : des personnages très attachants, une atmosphère marécageuse, une écriture sensible et poétique, des phrases candides mais dont la pertinence et la justesse font mouche, des trajectoires qui se croisent avec le coup de pouce du destin, une happy end sans lourdeur…. On sort de cette lecture émouvante et touchante avec l’envie d’y croire tout en culpabilisant un peu. Croire aux belles histoires avec de bons sentiments qui se terminent bien, on n’ose pas trop s’autoriser… Et pourquoi pas ?
Derrière cette apparente simplicité, le roman invite à une réflexion profonde sur la société italienne (mais aussi française ou européenne), sur les codes, les cloisons, les étiquettes, sur le système scolaire, sur les injustices, sur le vivre ensemble et les boucs émissaires, sur les relations fille-mère, sur le poids des traditions, sur l’émancipation féminine… Et sur le pouvoir d’un chat. Réel ou imaginaire ?
Je n’avais pas lu ce roman à sa parution en novembre 2013 mais cet été. Juste après avoir rencontré une libraire qui a su jouer son rôle de « passeur », sans en dire trop, mais en suscitant l’envie et je l’en remercie.
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