D’un Grand loup rouge, Mathias Friman, Les Fourmis rouges
Mathias Friman raconte la migration, à sa façon, en explorant la nature dans un style sobre et réaliste et avec une seule couleur
Qu’est-ce qui pousse un loup rouge à fuir ? La désolation, la solitude, la mort ? Que sont devenus les siens ? Des cartouches vides laissent présager le pire. Qu’est devenue la forêt ? Les troncs décapités sont explicites. Le loup rouge a perdu les siens et son territoire, mais heureusement, il n’a pas perdu son instinct de survie.
Alors, il fuit. Il émigre. Qu’importe la faim, le chagrin et le froid. Garder espoir, c’est rester vivant. Deux plans larges dévoilent la distance parcourue. L’épuisement se devine dans l’attitude du loup. Mais au bout du chemin, enfin, des semblables lui font face dans la nuit. Semblables ? Lui est rouge, eux sont gris, mais ils se disent blancs. Sauront-ils l’accueillir ? Leurs peurs brouillent leur mémoire… Celle de leur chef est intacte. Un loup est un loup, un point c’est tout.
Cet album au texte limpide et au dessin réaliste raconte une histoire de migration qui ressemble à toutes les autres. Car c’est une histoire simple et universelle. Une belle histoire aussi. À condition de surmonter ses peurs, faire taire les rumeurs et ne pas oublier d’où l’on vient. Pour mieux accueillir l’autre, quelle que soit sa couleur.
Après D’une Petite mouche bleue et D’une petite graine verte, D’un Grand loup rouge est le troisième opus de Mathias Friman. L’auteur-illustrateur croque la nature avec élégance et poésie, en mettant en scène une seule couleur qui fait sens. Un troisième album toujours aussi réussi.
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