Interdit ou bienvenue ?
Bengu a vivement réagi en lisant Interdit aux éléphants à TAKAlire… et est repartie avec le livre
« Bengu a besoin de lire à voix haute », me prévient sa mère. La miss, 7 ans, ne se fait pas prier. Est-ce la présence de sa mère qui la rend si docile et sérieuse ? Je lui propose Interdit aux éléphants. Un album que j’avais déjà lu à haute voix à TAKAlire et qui avait fait vivement réagir Hicran. Secrètement, j’avais envie de connaître la réaction de Bengu.
Bengu commence la lecture. Elle s’applique tellement, qu’elle en oublie de regarder les images qui complètent le texte. Je la freine et l’invite à observer. Je la reprends parfois aussi pour ajuster la ponctuation parce que, lorsqu’on lit tout droit, on peut vite s’ennuyer. Je l’aide quand elle bute sur un mot rebelle dont l’écriture renvoie à plusieurs prononciations. L’apprentissage de la lecture est semé de pièges.
Le livre raconte l’histoire d’un petit garçon qui a un mini-éléphant comme d’autres ont un chien ou un chat. En pleine ville, cela surprend. Mais il en faut bien plus pour déstabiliser les enfants. Entre le garçon et son éléphant, il y a cette complicité qui fait les grandes amitiés. Le jour du Club des animaux, ils se rendent tous les deux au n° 17. Mais sur la porte, un panneau indique « Interdit aux éléphants ». La déception est grande. Sur la route du retour, ils rencontrent une petite fille qui, elle aussi, a été exclue de la fête. Soit disant que son putois sentait mauvais. Les deux enfants décident de monter leur propre club où tous les animaux seront les bienvenus. Tous ? Oui, vraiment tous comme le signale la pancarte « Bienvenue à tous ». Même ceux qui n’avaient pas voulu d’eux.
« Ça ne se fait pas ! s’offusque Bengu. Il ne faut pas qu’ils acceptent ceux qui n’avaient pas voulu d’eux. » Je tente de lui donner mon point de vue. Et celui du livre qui invite à la tolérance après avoir subtilement dénoncé les préjugés. Mais Bengu est têtue : « Je ne suis pas d’accord. » Mais ajoute : « Est-ce que je peux emprunter le livre ? »
Une semaine plus tard, Bengu ramène Interdit aux éléphants à TAKAlire. « Alors, est-ce que tu as changé d’avis ? » Elle me regarde, silencieuse et préoccupée, puis lâche avec un sourire : « Pas vraiment, mais ça commence à faire son chemin. »
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