La vie est belle de Christophe Léon
Un roman sombre, une tragédie moderne, un dilemme cornélien…
Lewis est orphelin de père. Ce dernier s’est donné la mort sur son lieu de travail, l’agence de téléphonie Violet Telecom. Depuis, il vit dans l’obsession de le venger. Pour arriver à ses fins, Lewis se rapproche de Julia, la fille du directeur de l’agence Violet et se procure une arme. Le jour tant attendu arrive enfin : Lewis est invité pour le dîner chez Julia.
Alternant chapitre à la première personne et flash-back, ce roman décrit avec froideur un monde sans pitié dans lequel un adolescent écorché vif et solitaire vit une tragédie de la société de consommation… En toile de fond, le rapport au travail et la relation au père, la mort et ses fantômes. La fin glaçante laisse le lecteur dans un profond désarroi qui s’étonne d’avoir des pensées criminelles… C’est fort et terrible à la fois !
La souffrance au travail est-elle dans l’air du temps ? En tout cas, elle est source d’inspiration chez au moins deux auteurs jeunesse. Moi qui vous écrivais dans Je suis sa fille que je n’avais pas le souvenir de cette thématique dans un roman ado, me voilà doublement contredite !
À quelques nuances près, les deux romans parlent du même sujet (faire la peau au responsable qui a tué le père) mais le traitent de manière diamétralement opposée. D’un côté la spontanéité de la révolte, de l’autre la froideur de la vengeance. D’un côté une amitié solide et profonde, de l’autre une solitude amère et dure. D’un côté de l’humour, de l’autre de la noirceur.
Mais tous les deux dénoncent les mêmes choses : une société où règnent profit et consommation qui fait sens pour une minorité de privilégiés ainsi que ses dommages collatéraux pour une majorité (dont une jeunesse) qui cherche un autre sens à sa vie.
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