Le Renard et la couronne, Yann Fastier, Talents Hauts

Attention ! Ce roman initiatique, qui met en scène une héroïne romanesque et libre dans une époque révolue, est addictif… mais quel plaisir !

Cinq cent quarante-quatre pages, c’est à la fois énorme (au début) mais cela peut aussi s’avérer trop peu (à la fin). Construit comme un feuilleton – chaque fin de chapitre pressant subtilement le lecteur à commencer le prochain – Le Renard et la Couronne multiplie les intrigues, les atmosphères et les rebondissements avec un dosage équilibré. Clins d’œil contemporains, références historiques réalistes, complots politiques fantaisistes sans oublier le souffle de l’aventure, l’amitié et l’amour… le tout est porté par une écriture classique, fluide et riche. L’expérience littéraire qui en découle est juste jubilatoire au point que le lecteur se sent orphelin face au mot fin.

De la rue à la maison bourgeoise

Ana, élevée en Dalmatie (région littorale de la Croatie) à la fin du XIXe siècle par une grand-mère taiseuse et bienveillante, va se retrouver livrée à elle-même à la mort de son unique parente. Pour survivre, elle intègre un clan d’enfants des rues à Spalato (aujourd’hui Splitz), expérimente la faim, apprend le vol et doit son salut à sa maîtrise du français du XVIIe siècle (un passage linguistique remarquable) qui ne manquera pas de séduire son bienfaiteur et futur père adoptif. Désormais fille de bourgeois, elle vit en France mais est rattrapée par ses origines dont elle ignore tout, manque de mourir à plusieurs reprises puis se retrouve emprisonnée dans la prison Saint-Lazare. Elle en sortira grâce à une évasion explosive et découvrira par la même occasion d’où elle vient sans pour autant renier ce qu’elle est.

Personnalités inclassables

À cette présentation rapide et synthétique, il est important d’évoquer la galerie des personnages secondaires qui entourent l’héroïne romanesque dont la mystérieuse Dunja qui l’attire et la tire de multiples mauvais pas. Loin de suivre les conventions conservatrices de l’époque, le roman s’en affranchit avec désinvolture grâce à Ana et Dunja, deux personnalités inclassables, pour mieux faire écho aux débats sociétaux d’aujourd’hui. Quant à l’aspect politique du roman, même s’il est le fruit d’un imaginaire fantaisiste, lui aussi donne matière à sourire et à réfléchir…

Roman populaire

« Le Renard et la Couronne se veut avant tout un hommage à la grande Madeleine Brent, alias Peter O’Donnell, qui écrivit sous ce pseudonyme féminin une dizaine de gothic novels très typés » explique l’auteur Yann Fastier qui ne cache pas son « gros faible » pour le roman populaire. « L’idée, c’était d’en respecter complètement les formes, avec tendresse, quitte à le dynamiser, voire le dynamiter de l’intérieur en y intégrant de nombreux éléments parodiques ou légèrement subversifs. »

Talents Hauts
Le Renard et la couronne, Yann Fastier, Talents Hauts, 544 pages, 16 €. Dès 13 ans.

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