Oh Happy day, un roman épistolaire écrit par un imprévisible duo
Adeline (Anne-Laure Bondoux) et Pierre-Marie (Jean-Claude Mourlevat) se retrouvent à travers une correspondance pimentée de rebondissements
C’est un roman qui se lit vite, beaucoup trop vite. Mais c’est un roman qui donne la pêche, la patate et pourquoi pas la fraise (c’est de saison). Alors oui, c’est le roman idéal pour sortir en douceur du confinement, une période un peu irréelle. Idéal surtout pour accompagner une vie en cours de déconfinement, une inconnue un peu inquiétante.
Pourquoi ? Parce que dans ce roman à quatre mains signé par un duo complice et imprévisible (Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat), il y a un condensé de ce qui fait le sel de l’existence agrémenté d’une sauce pimentée de rebondissements extravagants : des petits bonheurs et des grands malheurs, des imprévus et des attendus, des mensonges et des confidences, des rencontres nocives et d’autres bienveillantes, des scènes angoissantes. Des nouveaux départs et des voyages aussi… (sans attestation et sans masque).
Une séparation de quatre ans
Le lecteur a quitté Pierre-Marie Sotto et Adeline Parmelan ensemble à la fin de Je danse aussi. Il les retrouve séparés depuis quatre ans. C’est Pierre-Marie qui rompt le silence le 27 novembre 2018. Son mail, suffisamment énigmatique pour titiller la curiosité du lecteur est suivi d’un deuxième, huit jours plus tard (un minimum après quatre ans de silence), où chaque mot est pesé. La réponse d’Adeline, imprégnée de sarcasme, ne se fait pas attendre cette fois-ci et a le mérite de relancer leur correspondance qui va durer 317 pages…
Le mieux, c’est d’écouter Jean-Claude Mourlevat et Anne-Laure Bondoux eux-mêmes lire les premiers mails de Pierre-Marie Sotto et Adeline Parmelan.
Quelques apartés permettent au lecteur (celui qui les retrouve comme celui qui les découvre pour la première fois) de comprendre le lien, désormais distendu, qui les unit. Il se retrouve une nouvelle fois pris à partie dans une relation intime et complexe. Cette proximité légèrement « voyeuriste », mais privilégiée, le touche et le fait surfer sur la palette des émotions à un rythme soutenu. Il s’étonne, s’agace, s’amuse, s’angoisse, s’attriste, s’offusque, sourit… Il aime aussi se laisser happer par une phrase qui résonne en lui de manière inattendue.
De la gravité entre les lignes
Les deux auteurs font vivre à leurs personnages, en phase avec leur époque, des situations intenses, parfois rocambolesques, qui détonnent un peu (reflet aussi de notre époque ?), mais qui amusent aussi. Ils ne les épargnent pas non plus en glissant beaucoup de gravité entre les lignes de leurs mails et en les embarquant dans une intrigue qui fait écho à une réalité dérangeante…
Mais pas de panique, le lecteur termine sa lecture en laissant Adeline et Pierre-Marie dans un happy day (end) épistolaire (avec des lettres cette fois-ci) et, en ces temps confinés/déconfinés, cette rapide parenthèse est joyeuse et réjouissante.
No Comment