Osez écouter lire !

Pourquoi acheter la version audio d’un roman plutôt que le livre ?

Je me suis toujours interrogée sur l’intérêt des romans en cd. Si l’on excepte les malvoyants, pourquoi acheter la version disque plutôt que le livre ? Bon, je l’admets, j’aime tellement lire que j’oublie parfois que tout le monde ne partage pas ce plaisir. Mais est-ce que quelqu’un qui n’aime pas lire peut apprécier une histoire lue sur un cd ? Et quelqu’un qui aime lire ?

Plusieurs réflexions, mises bout à bout, m’ont amenée à reconsidérer la question. Celle de mon petit frère, d’abord. Il adore écouter des histoires en conduisant et semble éprouver un réel plaisir à découvrir des romans de cette façon.

Celle de Pascale Maret, ensuite. Ce qui compte, disait-elle, ce sont les histoires et les histoires, on peut les raconter de multiples façons. Le cinéma raconte aussi des histoires, le livre n’est qu’un support parmi tant d’autres.

Celle d’Anne-Laure Bondoux, enfin. Elle racontait une intervention dans une classe où la plupart des élèves n’aimaient pas lire. Alors qu’elle lisait un passage de son roman, une des lycéennes l’interrompit et lui dit : « Mais vous c’est pas pareil, vous ne lisez pas tout droit. » !

Après tout, avant Homère, les histoires se passaient bien de livres, ce qui ne les empêchaient pas de voyager de bouches à oreilles. Et pourquoi arrêter de lire des histoires aux enfants sous prétexte qu’ils savent lire ? Moi aussi, avant de devenir une boulimique de livres, j’adorais écouter les histoires de ma mamie sorties tout droit de son imagination.

Alors je me suis lancée et j’ai embarqué ma fille Lou. Au lieu de lui lire un livre avant de dormir, je lui ai mis le premier cd de La ballade de Cornebique. Bingo ! Elle qui avait du mal à venir à bout du roman, elle a non seulement pris du plaisir à réentendre la partie qu’elle connaissait déjà, mais elle aurait bien continué jusqu’au bout d’un seul coup ! L’enregistrement dure deux heures 30, j’ai dû mettre mon veto.

Quant à moi, une fois concentrée sur la voix, je n’ai eu aucun mal à me laisser happer par les aventures du bouc. L’art de conter de Jean-Claude Mourlevat y est sans doute pour quelque chose.

Depuis j’en ai écouté plusieurs. Je n’ai pas été déçue. A chaque fois, le comédien, les bruitages, la musique et bien sûr l’histoire tenaient la route ! Le plus dur finalement, c’est de se mettre en condition d’écoute et de lâcher prise. Et si vous essayiez lors de votre prochain voyage en voiture ?