Swimming pool, Sarah Crossan, Rageot
Ce roman en vers libres raconte avec poésie l’installation éprouvante en Angleterre de Kasienka et de sa mère, en quête d’une vie meilleure
Abandon, harcèlement, dépression… C’est beaucoup pour Kasienka, adolescente polonaise pauvre et indésirable, débarquée dans une banlieue anglaise avec sa mère pour retrouver un père aux abonnés absent. Ça pourrait même s’avérer lourd voire indigeste et pourtant…
Tous ces ingrédients sont bel et bien omniprésents. Son père a refait sa vie et a eu une autre fille avec une jeune femme. Sa mère tombe en dépression et sa léthargie envahit leur pièce de vie au point de devenir étouffante. Quant à Kasienka, elle se retrouve la victime d’une bande de filles au collège dont la cruauté ne lui laisse aucun répit.
Bleu lumineux
Face à ce tableau plutôt larmoyant, il y a d’abord la piscine dont le bleu lumineux contraste avec son sombre quotidien, l’eau qui l’allège de toute cette pesanteur, le regard de William qui lui renvoie une autre image d’elle-même que celle imposée par les prédatrices du collège, l’arrivée de Dalilah dans sa classe et Kanoro, l’ange-voisin, qui sait redonner le sourire.
Silences et ellipses
Mais surtout, il y a l’écriture, poétique et subtil, en vers libres ainsi que le rythme, soutenu, en poèmes. Les silences et les ellipses s’entrecroisent avec les impressions et les émotions intimes de Kasienka. Les premiers émois, l’apprentissage de la sororité, l’amitié, la bienveillance… Tous ces instantanés sensitifs et sensoriels rendent l’âpreté de sa vie supportable. Quant à son don de nageuse, non seulement il l’empêchera de couler mais, surtout, il la hissera à sa place.
La traduction est signée Clémentine Beauvais et elle s’y connaît en vers libres 😉 !
No Comment