Un grand moment de désespoir…

Parfois je doute vraiment de la nature humaine…

Mercredi, des serruriers sont dans TAKAlire pendant la permanence avec comme mot d’ordre de ne faire rentrer qu’un nombre restreint de personnes listées sur un morceau de papier. Aïsseta et Didé venus rendre leurs livres se font éconduire sans ménagement, comme les bénévoles de permanence. À l’intérieur, la personne responsable de cette exclusion ne semble pas douter une seule seconde du bien fondé sa décision abjecte : fermer TAKAlire après quatre années de lectures partagées avec les enfants du quartier pour soi-disant des raisons de sécurité qui restent encore à prouver et avant même que l’assemblée générale extraordinaire ne se prononce (lire ce billet). Le goût du pouvoir sans doute et la jubilation de l’imposer aux autres. Dorénavant, il n’y a plus qu’une seule clef et c’est lui qui la possède en tant que président du conseil syndical…

Je ne suis pas de permanence mais j’observe la scène de l’extérieur horrifiée et désemparée. Je récupère Didé, Aïsseta et Shamzi et je leur propose de leur lire sur le banc quelques albums embarqués à la hâte… Il fait beau et chaud. Faire comme si tout ça était irréel, juste un cauchemar… Mais le cœur n’y est pas. Il faut se rendre à l’évidence : quelques personnes veulent la peau de TAKAlire et du CHO, l’association qui a permis de mettre en place cette mini-bibliothèque de proximité. La sécurité n’est qu’un prétexte mais elle est une arme redoutable qui fait son chemin dans les esprits des vieux propriétaires qui ne sont pas loin de penser que tous les problèmes de la société sont dus aux étrangers des HLM du bout de quartier. Pas question d’accueillir leurs enfants chez eux. « Si vous voulez accéder aux livres librement, vous n’avez qu’à les mettre dans une cave… » a osé dire ce président censé aussi me représenter en tant que propriétaire. Des livres dans une cave… Et pourquoi pas les brûler au milieu du square !

Le lendemain, j’écris mon désespoir à Paulette, ma voisine de 93 ans. Elle me répond furax et révoltée. Elle ne comprend pas non plus comment on en est arrivé là, elle mesure la mauvaise foi de voisins qu’elle connaît depuis des lustres, elle enrage contre le syndic dont le rôle dans cette affaire est loin d’être anodin. Sa colère me fait du bien et me rassure. Je veux croire que tout peut encore s’arranger comme tous les membres de l’association qui ne baissent pas les bras mais rien ne pourra me faire oublier cette scène qui s’est déroulée le 17 avril 2013 à TAKAlire…

 

 

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