Vous avez dit Présent ?
Instantanés. Mardi 11 juin 2013, j’ai beaucoup pensé à Présent ? le roman de Jeanne Benameur.
Le conseil de la classe de seconde doit durer une heure. Juste une heure pour décider du sort d’une trentaine d’élèves. C’est court. L’atmosphère est lourde. Les enseignants semblent exaspérés. Le prof principal dépité. Le proviseur préoccupé. Les délégués des élèves absents… C’est quoi cette ambiance ?
Moi, c’est ma première année en tant que déléguée des parents d’élèves. Je dois tenir mon rôle réduit à pas grand-chose. Déjà, durant les deux premiers conseils, je rapportais juste la parole des rares parents qui avaient répondu au questionnaire. Ceux de très bons élèves dérangés par l’indiscipline… J’aurais préféré avoir une parole plus constructive et plus proche des élèves en difficulté.
Car des élèves en difficulté, il y en a dans cette classe. Et difficiles aussi, a priori. Les railleries fusent entre les profs qui semblent échanger pour la première fois sur le cas de X ou Y. C’est le défouloir. C’est dur de les écouter. J’aimerais être capable de réagir. Mais leurs propos me laissent sans voix. Qu’ont fait ces adolescents pour provoquer tant de mépris ? Je sais, ce ne sont pas des anges, mais qui est en échec ? Les ados en manque de repères, les profs qui n’ont pas su leur transmettre l’envie et le plaisir d’apprendre, l’école qui n’a pas su s’adapter à tous les élèves ?
La remise en question n’est pas à l’ordre du jour. Pour les très bons élèves pas de souci. Certains décrochent des félicitations. Mais pour les « mauvais »… « Lui en ES ? Vous avez vu ces notes ! »
Heureusement, le proviseur veut croire en eux. Il insiste pour leur donner une nouvelle chance. Il est bien seul. Je cherche du regard le prof d’éco. De mémoire, il a tenu des propos respectueux et sensés aux précédents conseils. Va-t-il dire quelque chose ? Mais lui semble déçu et écœuré… « C’est incroyable la différence de traitement d’un conseil à l’autre. Quelle injustice ! »
C’est le comble. J’en conclus que les élèves du conseil précédent n’ont pas bénéficié de la même mansuétude. Tout dépend de qui préside la séance…
Il est 17h45. Les deux délégués élèves arrivent et s’excusent. « Nous pensions que c’était à 17h30. » Pas très sérieux, c’est sûr. L’accueil est à l’image de l’ambiance générale : ultra-tendu. Le conseil touche à sa fin. Le proviseur tente de calmer le jeu, mais qui écoute qui ? C’est confus. Les profs quittent la salle sans s’adresser la parole.
Je suis sonnée. Je ne comprends pas. Qu’est-ce que j’imaginais ? Que les profs travaillaient en équipe et s’entraidaient pour trouver des solutions ? Que les élèves étaient au centre de leur préoccupation et respectés, même ceux qui ne rentrent pas dans le moule ? J’ai rêvé sans doute. Je pense à Présent ? de Jeanne Benameur et je me console en me disant que grâce au proviseur, certains élèves ont encore une chance…
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